Donald Tump en croisade contre les médias
17 mars 2025L'administration Trump poursuit le démantèlement des agences fédérales. Tout y passe et désormais, ce sont les médias publics internationaux américains qui paient le prix des coupes budgétaires.
L'USAGM, l'agence chargée du contrôle de Voice of America et Radio Free Europe, qui compte plus de 3.000 employés, a été classée parmi les "éléments inutiles de la bureaucratie fédérale".
Et ce dimanche (16.03), les personnels contractuels de Voice of America ont été informés que tous les contrats se terminaient à la fin du mois.
"Ce que Donald Trump a fait, c'est affaiblir la liberté et renforcer l'autocratie", dénonce Peter Limbourg, le directeur général de la Deutsche Welle.
La DW fait partie, avec l'USAGM, mais aussi la BBC ou France Media Monde, du DG8, un regroupement de huit médias internationaux. "C'est un rempart contre la désinformation et les manipulations qui risque de disparaître", dans des pays où les gens "n'ont pas ou peu accès à une information équilibrée et vérifiée", ont par ailleurs estimé la Deutsche Welle et France Médias Monde dans une déclaration commune.
Les programmes des chaînes que chapeaute l'agence USAGM touchent quelque 420 millions de personnes par semaine dans une soixantaine de langues et dans plus d'une centaine de pays.
Des médias américains "corrompus" d'après Donald Trump
Selon Peter Limbourg, le vide laissé par ces suppressions risque d'être comblé par la Russie et la Chine, soit des régimes autoritaires. "C'est pourquoi je crois que l'Europe doit faire quelque chose de toute urgence. Ce n'est pas une question triviale. C'est une question très importante", estime-t-il.
Avant ces nouvelles coupes budgétaires, Donald Trump avait qualifié les médias américains de "corrompus" et d'"illégaux". Les chaînes privées CNN et MSNBC, très critiques du milliardaire, sont, selon, lui des "bras politiques du parti démocrate”.
Au cours de son premier mandat, Donald Trump avait déjà poussé des hauts responsables de VOA à la démission, assurant à l'époque que VOA "parlait trop souvent au nom des adversaires de l'Amérique et pas de ses citoyens” et que le média "amplifiait la propagande de Pékin".
"Je suis profondément attristé que, pour la première fois en 83 ans, la célèbre VOA soit réduite au silence", a écrit Michael Abramowitz, directeur de chaîne, dans un message publié sur le réseau LinkedIn.
Une "rupture” avec le rôle historique des Etats-Unis pour RSF
La chaîne a commencé à diffuser en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale avec pour but de lutter contre la propagande nazie dans le monde. Plus tard, pendant la Guerre froide, VOA a notamment servi à contrer l'idéologie communiste, rappelle le New York Times.
Le journal estime que "les efforts de l'administration Trump pour fermer Voice of America s'inscrivent dans une campagne plus large visant à affaiblir les médias d'information" et rappelle l'interdiction faite à l'agence AP d'assister aux conférences de presse à la Maison Blanche. Donald Trump se venge ainsi du refus d'AP de désigner le Golfe du Mexique de Golfe d'Amérique.
Reporters sans frontières (RSF) critique une décision, "qui marque une rupture avec le rôle historique des Etats-Unis en tant que défenseurs de l'accès à l'information libre".
RSF s'inquiète également du sort désormais réservé à "plusieurs employés de l'USAGM actuellement détenus à l'étranger".