Ukraine et Otan au menu de la Conférence de Munich
14 février 2025
La Conférence de Munich sur la sécurité débute ce vendredi 14 février. Elle va durer deux jours. Ce forum annuel est important pour les stratégies internationales et les politiques de sécurité mondiales. L'édition 2025 sera marquée par la première rencontre entre le président ukrainien et la nouvelle administration américaine.
Volodymyr Zelensky devrait en effet y rencontrer le vice-président américain James David Vance et le secrétaire d'État Marco Rubio pour discuter de la guerre menée par la Russie en Ukraine.
De nouvelles tensions entre alliés ?
Les Etats-Unis et l’Europe devraient aussi discuter de l’avenir de leurs relations en matière de défense. Les liens traditionnellement étroits entre les Etats-Unis et l'Europe ont marqué la Conférence de Munich sur la sécurité pendant des décennies. Malgré certaines divergences, Américains et Européens travaillaient bien ensemble et s'appréciaient mutuellement.
Mais avec le retour de Donald Trump à la Maison blanche, cette certitude s'effrite. La réunion de Munich sera donc aussi un indicateur de l'état des relations transatlantiques. Depuis les premières semaines du second mandat de Donald Trump, le vent qui souffle depuis Washington a tourné. "America first", est la devise absolue du président américain, au risque que sa politique se fasse au détriment de ses alliés. Ces tensions devraient marquer certains débats à Munich.
Donald Trump a déjà donné le ton du nouveau durcissement des relations transatlantiques.
"Nous avons été arnaqués par les nations européennes aussi bien dans le commerce que dans l'Otan", rapporte le “Munich Security Report” citant une déclaration de Donald Trump pendant la campagne électorale. Et Donald Trump de poursuivre à l'adresse des Européens : "Si vous ne payez pas, nous ne vous protégerons pas."
Les investissements trop faibles à ses yeux de certains partenaires européens de l'Otan dans leurs armées sont, pour lui, désormais inacceptables.
Le président américain a surtout critiqué l'Allemagne à plusieurs reprises.Jusqu'à présent, Washington payait la part du lion des coûts au sein de l'Otan et offrait à l'Europe une protection militaire fiable.Celle-ci est désormais soumise à des conditions : Donald Trump exige des alliés qu'ils dépensent cinq pour cent de leur produit intérieur brut pour la défense.
L'Allemagne parvient difficilement à atteindre les deux pour cent qui sont désormais considérés comme la norme minimale au sein de l'Alliance.
Plan de paix pour l'Ukraine
Donald Trump a déjà prouvé qu'il pouvait retirer les financements américains à des organisations actives au niveau international. Cela pourrait également avoir un impact négatif sur l'aide à l'Ukraine, dans laquelle les Etats-Unis étaient jusqu'à présent à la pointe.
En amont de la conférence, des rumeurs ont circulé selon lesquelles le représentant de Donald Trump pour l'Ukraine, Keith Kellogg, pourrait présenter, à Munich, un plan de l'administration Trump pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
Interrogé à ce sujet, le président de la conférence, auparavant conseiller en politique étrangère de la chancelière allemande Angela Merkel et ex-ambassadeur d'Allemagne auprès des Nations unies à New York, Christoph Heusgen, a exprimé l'espoir qu'un plan de paix puisse prendre forme à Munich.
"Nous espérons que Munich sera utilisé, et nous avons également des signes qui laissent penser à des progrès possibles en vue d'une paix en Ukraine."
Les Européens redoutent aussi qu'un éventuel accord de paix entre l'Ukraine et la Russie ne se fasse sans eux et au détriment des Ukrainiens.
Toutefois, les représentants du gouvernement russe ne sont pas invités à Munich.
Le Groenland aussi
Les menaces de Donald Trump d'annexer si nécessaire des territoires par la force, dont le Groenland appartenant au Danemark, pourraient également s’inviter dans les débats. Des menaces qui ont suscité l'inquiétude et l'effroi en Europe. Pour les Européens, les Etats-Unis devaient simplement respecter le droit international. Une position que le président de la conférence, Christoph Heusgen, ne cesse de défendre.
"De mon point de vue, il n'y a pas de meilleure alternative que l'ordre fixé dans la Charte des Nations unies."
Cette année, la politique intérieure allemande devrait s'inviter aussi à la conférence de Munich. La rencontre a lieu une semaine avant les élections législatives anticipées du 23 février et la question de la sécurité de l’Europe est bien présente dans la campagne électorale.