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"Il se plaignait du manque de repos" (Habi mère d'un soldat)

5 août 2025

Au Niger, une maman d'un militaire, tué dans le cadre de la lutte contre les djihadistes, dénonce les missions sans arrêt auxquelles son fils était soumis.

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Un soldat debout, arme à la main
Le Niger est confronté aux actions meurtrières de Boko Haram et de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap) dans sa partie sud-est.Image : Ludovic Marin/AFP/Getty Images

C’est une mère en colère qui nous accueille ce lundi matin au quartier Koirategui de Niamey.  Assise sur une natte avec deux de ses enfants, dont un en situation de handicap, Habi nous raconte, les larmes aux yeux, combien son fils Moussa, mort au front était un soutien matériel pour elle et pour toute la famille.

"A chaque fois qu'il recevait son salaire, il achetait deux sacs de riz pour ma coépouse et moi. Il s’occupait des frais de scolarité de ses frères et sœurs, de leur habillement. Il s’occupait aussi de tous les frais médicaux de son petit frère malade. C’était lui, le socle de la famille."

Âgé de 23 ans, le jeune soldat a été tué à Diffa dans le sud-est du Niger. Avant d’enchainer les missions dans cette région où sévit le groupe islamiste Boko Haram, Moussa était en poste au palais présidentiel à Niamey.

"C’est après qu’ils l’ont envoyé à Diffa où il a passé quatre mois sur le lac Tchad. Il a ensuite changé de poste sans une pause pendant 15 jours. Il est allé après sur un autre poste où il est resté 14 jours. Après cela, il est rentré un dimanche à Niamey et déjà le lundi, il a été renvoyé à Bosso. Il n’a pas de repos, c’est lui-même qui donnait des nouvelles à son papa. Il se plaignait du manque de repos", raconte Habi.
 

Un soldat nigérien
La ville de Bosso subit une première attaque de Boko Haram le 6 février 2015, repoussés par les militaires tchadiens et nigeriens. Image : FLORIAN PLAUCHEUR/AFP

"Depuis qu’il a commencé les missions il n’a jamais eu de repos"

Et c’est au septième mois de cette mission (qui ne devait en durer que quatre) que Moussa a été tué lors d’une attaque de Boko Haram.

L’annonce de sa mort a été douloureuse pour sa famille. "Un mardi soir, le téléphone de son père a sonné. Il a décroché mais celui qui était au bout du fil a raccroché. Le téléphone a sonné de nouveau et quand il a décroché, la personne au bout du fil lui a demandé si c’est lui le père de Moussa, il a répondu oui. La personne lui a dit que Moussa a eu un accident", explique la mère endeuillée.

"Son père a répondu, dites-moi la vérité s’il est mort. C’est en ce moment qu’il lui dit que oui. Et j’ai entendu son père dire : c’est ce que vouliez, vous êtes contents maintenant ? Depuis qu’il a commencé les missions il n’a jamais eu de repos", poursuit Habi. 
 
C’est un ami de Moussa, lui aussi soldat, qui vient d'annoncer la mauvaise nouvelle. Deux semaines plus tard, un responsable de la Garde présidentielle a été envoyé auprès des parents de Moussa pour réconforter la famille endeuillée en lui apportant un appui financier.
 
"On a reçu des vivres et une somme de 300.000 FCFA. Pendant quelques mois ils nous ont envoyé des sacs de riz et on a reçu aussi une somme pour compensation." 
 
Le père de Moussa a pu se rendre à Diffa, à ses frais, pour voir la tombe de son fils. Un aller-retour pénible qui a duré six jours. Il a également pu voir les vidéos de l’inhumation de Moussa grâce à ses amis soldats.