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Harvard interdite d’accueillir des étudiants étrangers

Marco Wolter | Avec agences
23 mai 2025

Aux États-Unis, l’offensive de l’administration Trump contre l’enseignement supérieur connait un nouveau rebondissement.

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Des élèves traversent le campus d'Harvard, connu pour ses bâtiments en brique rouge
L'université d'Harvard est l'une des plus riches au mondeImage : Faith Ninivaggi/REUTERS

Aux États-Unis, l'offensive de l'administration Trump contre l'enseignement supérieur connait un nouveau rebondissement.

Donald Trump a décidé d'interdire à Harvard d'accueillir des étudiants étrangers. Cela doit passer par le refus de délivrer des visas pour ceux et celles qui veulent étudier dans la prestigieuse université.

Comme d'autres universités privées, Harvard est accusée par le président américain de propager des idées antisémites et de pratiquer un agenda trop à gauche.

Selon la Maison Blanche, Harvard est devenu un terreau fertile pour "la violence et l'antisémitisme". La ministre américaine à la Sécurité intérieure accuse aussi l'université de "se coordonner avec le parti communiste chinois".

Une manifestation contre Donald Trump devant l'université d'Harvard
"La décision du gouvernement américain (...) m'attriste beaucoup. Ce n'est pas un signal positif, ni pour la jeune génération, ni pour le monde libre", a réagi Dorothee Bär.Image : Joseph Prezioso/AFP

Quelque 1 300 étudiants chinois sont actuellement inscrits à Harvard, sur les 6 800 étudiants internationaux que compte l'établissement, qui se trouve à Cambridge, en périphérie de Boston, sur la côte est américaine.

Pékin a réagi et regrette une "politisation de la coopération éducative", qui va surtout nuire à l'image des États-Unis dans le monde.

L'Allemagne dénonce un mauvais signal pour "le monde libre"

Les étrangers représentent plus d'un quart du campus. Pour l'Afrique, il s'agit pour l'essentiel de personnes venues d'Afrique du Sud, du Nigeria du Kenya ou encore d'Egypte, avec quelques dizaines d'étudiants pour chacun de ces pays, selon des données de 2022.

Selon le gouvernement américain, les étudiants étrangers déjà inscrits doivent "se transférer" dans une autre université d'ici à la rentrée prochaine, sous peine de perdre leur visa.

En Europe, l'Allemagne critique ouvertement cette décision de Donald Trump, qualifiée de "très, très mauvaise" par la ministre pour la Recherche, Dorothee Bär, qui dénonce la remise en question de la "liberté académique". Quelque 550 Allemands sont inscrits à Harvard.

La colère des universitaires américains contre Donald Trump

La ministre affirme par ailleurs que de plus en plus d'étudiants américains souhaitent venir étudier en Allemagne. Les demandes viendraient aussi "de la part d'autres pays, dont la Chine et l'Inde, qui choisissent l'Europe parce qu'ils y voient une garantie différente de leur liberté".

Depuis le début de son deuxième mandat, Donald Trump a décidé de croiser le fer avec la plupart des grandes universités américaines, Harvard étant la plus ancienne et l'une des plus prestigieuses, se vantant d'avoir produit pas moins de 162 prix Nobel.

Des universités jugées trop "woke" par les Républicains

L'administration Trump accuse Harvard mais aussi la Columbia de New York d'avoir laissé prospérer l'antisémitisme sur leur campus et de n'avoir pas protégé suffisamment les étudiants juifs pendant les manifestations contre la guerre à Gaza. Plus largement, le Parti républicain estime que les universités propagent des idées de gauche et trop progressistes.

Si certaines universités ont décidé de se plier aux exigences de réformes réclamées par l'administration Trump, qui veut avoir davantage son mot à dire dans les décisions des établissements, Harvard refuse de courber l'échine au nom de son indépendance et de sa liberté d'expression.

Angela Merkel s'adresse aux étudiants d'Harvard
Angela Merkel avait reçu un diplôme honorifique de Harvard en 2019Image : Steven Senne/AP/picture alliance

Depuis, l'université a été privée de près de 2,7 milliards de dollars de subventions fédérales.

Désormais, ce sont les frais de scolarité, qui s'élèvent à plusieurs dizaines de milliers de dollars par an et par personne, qui pourraient manquer dans la caisse en l'absence d'étudiants internationaux. Selon le New York Times, un an à Harvard coûte plus de 59 000 dollars et même 87 000 dollars si l'on loue une chambre sur le campus.

En réponse, Harvard a déposé plainte contre l'administration Trump, l'accusant de vouloir prendre le contrôle de sa direction et de ses programmes.

Un juge américain a dans la foulée temporairement bloqué ce vendredi la décision de l'administration sur les étudiants étrangers.

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais