Donald Trump en position de toute-puissance aux Etats-Unis
21 janvier 2025A peine investi 47e président des Etats-Unis lundi 20 janvier, Donald Trump n'a pas tardé à réaliser une série de ses promesses de campagne en signant une avalanche de décrets présidentiels. Ils concernent la lutte contre l'immigration clandestine, l'augmentation de la production d'hydrocarbures, la reconnaissance de "deux sexes" uniquement pour mettre fin au "délire transgenre".
"Rien ne se mettra en travers de notre chemin", a dit Donald Trump lors de son discours d'investiture. Comme l'analyse le New York Times, le président américain, pour son second mandat, "a clairement fait comprendre qu'il n'avait pas l'intention de se laisser contrarier pour rendre l'Amérique beaucoup plus conservatrice sur le plan intérieur, et plus impériale à l'étranger.
Et aujourd'hui, on peut légitimement se demander, s'il existe encore des contre-pouvoirs à la toute-puissance du républicain, soutenu par une série d'ultra-richissimes décideurs économiques du pays. Le parti est devenu le sien, il contrôle la Chambre des représentants et le Sénat. Et à la Cour suprême, la majorité des juges lui sont favorables.
Lecture partisane de la Constitution
Sur les neuf juges nommés à vie qui la composent, six sont ont été désignés par des présidents républicains, dont trois par Donald Trump lors de son premier mandat.
Or, la Cour, qui a finalement le dernier mot sur des questions de société fondamentales, défend à travers ses juges conservateurs de plus en plus une lecture "originelle" de la Constitution américaine. Ils partent du principe qu'il s'agit de déterminer ce que voulaient dire les auteurs de la Constitution à l'époque de sa rédaction, sans tenir compte du monde actuel.
Par exemple, dans le cas de l'annulation du droit à l'avortement en 2022, qui existait depuis 1973 et reposait sur le droit à l'égalité et la liberté, les juges ont estimé que rien ne permet de dire que les auteurs ont envisagé que cette liberté s'étendait aux droits reproductifs, lorsque l'amendement en question a été rédigé par des hommes en... 1868.
La Cour suprême prend ainsi des décisions qui semblent bien partisanes et favorables à l'agenda de Donald Trump. Ce penchant républicain pourrait être déterminant face à la volonté du président de s'attaquer au droit d'asile et au droit du sol, ce dernier étant inscrit dans la Constitution.
Batailles judiciaires à l'horizon
Plus largement, l'offensive lancée hier par décret contre l'immigration devrait être contestée devant les tribunaux par des ONG ou des Etats démocrates. La Californie a par exemple déjà réservé une enveloppe de 25 millions de dollars pour financer les futures batailles judiciaires contre l'administration Trump.
Le président républicain fait peu de mystère de son aversion pour la justice en général. Dans toutes les affaires dans lesquelles il a été poursuivi, il a dénoncé une chasse aux sorcières et des motivations politiques.
C'est ainsi qu'il a dès hier, comme promis, signé un décret graciant plus de 1.500 participants à l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021 pour empêcher la validation de la victoire électorale de Joe Biden. Donald Trump a qualifié les personnes condamnées d'"otages" et victimes d'injustice.
L'ancienne leader démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, présente au Capitole ce jour-là, s'est indignée contre une "insulte au système judiciaire" américain.
Visions impérialistes de Donald Trump
Notons que Joe Biden a lui-même repris l'argument d'une justice aux ordres des politiques en graciant en décembre dernier son propre fils, Hunter Biden, bien que reconnu coupable d'infractions fédérales dans deux procédures distinctes.
Joe Biden a aussi gracié préventivement un certain nombre de personnalités depuis longtemps ciblées et menacées par Donald Trump pour leur éviter d'être poursuivi sous la nouvelle administration.
Enfin, on peut questionner dans quelle mesure Donald Trump respectera le droit sur la scène internationale, avec son intention très claire de vouloir prendre le contrôle du canal de Panama, construit par les Etats-Unis mais transféré au Panama en 1999. "Nous allons le reprendre", a dit le président américain. Des déclarations jugées "totalement inacceptables” selon la ministre allemande des Affaires étrangères.