Des scènes de désolation dans les rues de Lomé, mais aussi au moins sept personnes tuées et des dizaines de blessés. C'est le triste bilan que tire la société civile togolaise des manifestations des 26, 27 et 28 juin contre le pouvoir de Faure Gnassingbe.
Parmi les sept morts, trois corps ont été repêchés dans la lagune, selon les organisations de la société civile et de défense des droits humains togolaises qui se sont adressées à la presse dimanche 30 juin.
"Le drame a pris une dimension encore plus inhumaine avec l'annonce de corps sans vie, dont des enfants", déplore David Dosseh, porte-parole du "Front Citoyen Togo Debout. "Une fois encore la terre du Togo s'est abreuvée du sang innocent, celui de nos enfants, une fois de trop."
Les OSC ont enregistré des témoignages accablants sur les exactions commises par les forces de l'ordre et des miliciens.
"Il y a eu deux jeunes garçons qui le 26 étaient portés disparus et qui le lendemain ont été découverts avec des traces de blessures sur tout le corps", rapporte Célestin Agbogan, Président de la Ligue des Droits de l'Homme.
"Ce qui suppose qu'ils ont été violentés et tabassés à mort avant d'être jetés dans la lagune. Le troisième nageait allègrement, les forces de l'ordre ont tiré à bout portant sur lui et c'est le 28 que il a refait surface sur l'eau."
Les autorités togolaises dénoncent de la désinformation
En face, les autorités togolaises assurent que les résultats des autopsies évoquent des cas de noyade, sans lien direct avec les opérations de maintien de l'ordre. Elle dénoncent des "tentatives de récupération politique malheureuses" et de la désinformation.
"Ce que les autorités ont eu à faire, c'est tout simplement maintenir l'ordre, gérer une situation de désordre et de chaos que les gens cherchaiebnt à instaurer et on l'a fait dans un respect des règles de professionnalisme et avec toute la retenue qui sied", affirme Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social.
Un fossé se creuse entre deux versions. La société civile réclame une enquête indépe-ndante.
"Il faut que les autorités prennent leurs responsabilités et que la communauté internationale vienne au secours du peuple togolais qui est en danger", appelle quant à lui Célestin Agbogan.
Début juin déjà, des manifestants, majoritairement jeunes, étaient descendus dans la rue.
Une cinquantaine d'entre eux avaient été arrêtés. Certains ont déclaré à Amnesty International "avoir été soumis à la torture ou à d'autres mauvais traitements", mais le gouvernement avait répondu ne pas avoir eu connaissance de tels cas.