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Au Togo, le besoin d'une enquête indépendante

10 juillet 2025

Des ONG et un collectif d’avocats dénoncent les violences lors des manifestations au Togo, réclament une enquête internationale. Le pouvoir rejette ces accusations et promet des enquêtes.

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Togo Lomé 2025 | des forces de la Gendarmerie ndans un rue
Les manifestations ont fait l'objet de répression au Togo.Image : AFP

Plusieurs organisations et partis d'opposition au Togo ont prévu des journées de prières à compter de ce vendredi pour "rendre hommage" aux victimes des récentes manifestations contre le pouvoir du président du Conseil Faure Gnassingbé.

Le Front citoyen Togo debout, qui est un regroupement d'organisations de la société civile, a précisé, lors d'un point de presse mercredi, que ce serait une grande marche pacifique, citoyenne et silencieuse à travers des artères de Lomé", jusqu'à la Lagune de Bè où certains corps ont été repêchés.

L'opposition et la société civile accusent les forces de l'ordre d'avoir causé la mort de sept personnes lors des manifestations à Lomé, les 26, 27 et 28 juin. Ce que ne reconnaît pas le gouvernement qui a fait état de cinq personnes décédées, la plupart "par noyade". Les autorités dénoncent par ailleurs des "tentatives de récupération malheureuses". Le Parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire contre X pour "élucider davantage les circonstances et les causes exactes" de ces décès.

Alerter l'opinion et ouvrir une enquête indépendante

Alors que de nouvelles manifestations sont prévues, les 16 et 17 juillet prochain (date des élections municipales), le collectif des Avocats pour la démocratie, l'Etat de droit et les droits de l'Homme, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ont animé, le jeudi 10 juillet, une conférence de presse.

"On a à faire à une répression qui est terrible"

L'objectif : alerter l'opinion publique nationale et internationale sur la situation au Togo.

"On a affaire à une répression qui est terrible et la première chose, c'est essayer de faire qu'il n'y ait pas de répression" a expliqué Nathalie Tehio, présidente de la LDH.

Selon elle il s'agit aussi de faire "la lumière sur ce qui s'est passé parce qu'on se rend compte qu'il y a des miliciens qui sont présents et ça a déjà été le cas par le passé. Mais ce que nous réclamons aussi, c'est qu'il y ait une commission d'enquête".

Nathalie Tehio rappelle par ailleurs que " le procureur de la République au Togo dit : on ouvre une commission d'enquête, mais on sait très bien ce qu'il en est, ce n'est pas effectif, c'est juste pour faire cesser les plaintes de la population togolaise".

En définitif, les défenseurs des droits humains demande "une enquête effective sous l'égide de l'Onu parce qu'on a la nécessité de documenter la façon dont la répression s'est passée, au moins de faire pression pour dire qu'il va falloir mettre fin à l'impunité".

L'opposition et la société civile togolaise imputent les morts lors des manifestations aux forces de sécurité et à des miliciens.

L'interview de Gilbert Bawara

Ce que refute le pouvoir. Dans une interview accordée à la DW, Gilbert Bawara, ministre de la Réforme du service public, du Travail et du Dialogue social, parle d’affabulations et de mensonges.

"Le Togo n'a pas besoin de recourir ni à des milices prívées ni des personnes de quelque nationalité pour venir l'aider" a assuré le ministre en précisant que les forces de sécurité togolaise disposaient de l'essentiel pour "gérer une situation telle que nous l'avons vécue".  

Le ministre de l’Administration territoriale, Hodabalo Awaté a, quant à lui, établi un parallèle avec la situation sécuritaire préoccupante dans le Sahel, affirmant que le Togo n’est pas épargné par ce type de manœuvres.

"C’est effectivement du terrorisme, quand on invite les gens à la violence gratuite. Sachez que le gouvernement togolais veillera, par tous les moyens, à ce que l’ordre public règne", a-t-il déclaré.

Les manifestations ont eu lieu pour contester des arrestations de voix critiques envers le gouvernement, la hausse du prix de l'électricité, ou encore la réforme constitutionnelle de 2024 qui permet au président du Conseil, Faure Gnassingbé, de consolider son pouvoir.

Des mandats d'arrêt

Alors que les manifestations ont été émaillées de violences, les autorités togolaises ont annoncé avoir émis des mandats d'arrêt visant les blogueurs et artistes du Mouvement du 6 Juin (M6.6), à l'origine de la contestation contre le pouvoir.

"Ces mandats ne feront l'objet d'aucune collaboration de la part des pays dans lesquels vivent les blogueurs" assure Me Raphaël Kpandé-Adzaré, porte-parole du collectif des Avocats pour la démocratie.

"Ces mandats ne feront l'objet d'aucune collaboration..."

Le juriste explique qu' il y a "le droit international, la Convention des Nations unies du 10 décembre contre la torture. Il y a la Convention européenne de sauvegarde des libertés, des droits de l'Homme qui interdisent qu'une personne requise par son pays soit extradée vers ce pays lorsqu'il y a des risques de torture".

Selon toujours Me Raphaël Kpandé-Adzaré il y a tout une "documentation massive qu'au Togo, il y a la torture sur les citoyens. La Cour de justice de la Cédéao a plusieurs fois condamné le Togo pour actes de torture (...), donc je ne crois pas qu'effectivement les pays comme la France, le Canada et autres accepteront d'extrader les blogueurs vers le Togo, où ils vont subir des actes de torture".

Au sujet des restrictions liées à l'accès à internet et aux réseaux sociaux, Me Raphaël Kpandé-Adzaré estime que les autorités veulent ainsi "réprimer dans l'ombre". Il rappelle par ailleurs que la liberté de presse et la liberté d'expression sont des principes universels et constitutionnels que les autorités doivent respecter.