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Manifestations au Togo : le gouvernement durcit le ton

11 juillet 2025

Le ministre de l'Administration territoriale a fait un parallèle avec la situation dans le Sahel. Il assimile les dernières manifestations à des actes de terrorisme.

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Un véhicule de la Gendarmerie dans une rue de Lomé, le 6 juin 2025
Un véhicule de la Gendarmerie à LoméImage : AFP

Les autorités togolaises ont annoncé, le mercredi 9 juillet, avoir émis des mandats d'arrêt  internationaux contre les blogueurs et artistes du Mouvement du 6 Juin (M66). Ceux-ci appellent, depuis début juin, à des manifestations contre la vie chère et pour la démocratie. 

Mais, ces manifestations ont été brutalement réprimées. L'opposition et la société civile avancent le chiffre de sept morts, tandis que le pouvoir fait état de cinq personnes décédées et dénonce des "tentatives de récupération malheureuses". 

En fin de semaine, le Parquet a annoncé l'ouverture d'une enquête judiciaire contre X pour "élucider les circonstances et les causes exactes" de ces décès. 

Le président  Faure Gnassingbé à Berlin en 2009
Le président Faure Gnassingbé Image : AP

"Ce qui vient de se passer résulte de la pure manipulation et cela relève globalement des tentatives de déstabilisation de la sous-région". Ainsi s'exprimait, le 9 juillet à Lomé, le colonel Hodabalo Awaté, ministre de l'Administration territoriale.

En faisant un parallèle inédit avec la situation dans le Sahel, il assimile les manifestations à des actes de terrorisme qui ne devraient plus être réédités.

"C'est effectivement du terrorisme, quand on invite les gens à la violence gratuite. Sachez que le gouvernement togolais veillera, par tous les moyens, à ce que l'ordre public règne. Les élections (municipales) auront bel et bien lieu le 17 juillet. Toutes les dispositions sont prises" a ajouté le colonel Hodabalo Awaté,

"C'est le gouvernement qui sème la terreur"

Maître Raphaël Kpandé-Adzaré, le porte-parole du Collectif des avocats pour la démocratie, par ailleurs président d’honneur de la Ligue togolaise des droits de l’Homme affirme qu'entre la population qui sort pour manifester les mains nues et le gouvernement qui déverse les agents de sécurité, les militaires et les miliciens sur le terrain pour violenter la population, celui qui sème la terreur, celui qui sème le terrorisme, c'est sûr, c'est le gouvernement et non la population, non les blogeurs qui appellent à la manifestation et qui contestent le régime de Faure Gnassingbé, qui, après 20 ans de pouvoir, modifie la Constitution pour asseoir son pouvoir à vie. Ces populations n'ont d'autres choix que de manifester."

Manifestation pacifique, un droit constitutionnel

Paul Amegakpo, politologue et président de l'Institut Tamberma pour la gouvernance, estime pour sa part que, les manifestations pacifiques sont autorisées et encadrées par la Constitution et les lois de la République du Togo, notamment une loi de 2011, révisée en 2019, portant liberté de réunion et de manifestation publique pacifique.

La réaction de Paul Amegakpo

"L'ordre public invoqué par le gouvernement, qui serait troublé par ces actes, est protégé par la Constitution. La même Constitution protège la liberté de réunion et de manifestation pacifique. Les manifestations et attroupements qui sont en cours depuis juin dans notre pays ne devraient pas être régis par le principe d'autorisation ou d'information préalable prévue par cette loi", explique le chercheur à la DW.

Respect des engagements internationaux

Dans un communiqué, la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et le collectif d’avocats "demandent la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées dans le cadre des dernières manifestations, ainsi que de toutes les prisonnières et tous les prisonniers politiques au Togo".

Ces organisations demandent aussi l’ouverture d’une enquête internationale indépendante conduite par l’Organisation des Nations unies, pour que soit démantelée "la milice politique du régime de Lomé"

Dans leur communiqué, les organisations signataires exigent aussi du gouvernement togolais le "respect de ses engagements internationaux en matière des droits humains, notamment de la dignité humaine, du caractère sacré et inviolable de la vie et de la personne humaine, de l’intégrité physique de la population civile, du droit et de la liberté de réunion et de manifestation"

DW MA-Bild Eric Topona
Eric Topona Journaliste au programme francophone de la Deutsche WelleETopona