La réforme constitutionnelle toujours contestée au Togo
4 mars 2025C'est une nouvelle tentative de l'opposition togolaise et de la société civile pour contrer la réforme constitutionnelle au Togo. Deux partis politiques et des organisations de la société civile viennent d'annoncer la création d'un regroupement pour s'opposer à la réforme constitutionnelle en cours au Togo, avec le changement de régime politique.
Porté par l'Alliance pour le changement ANC et les forces démocratiques pour la République FDR ainsi que des organisations de la société civile comme le Front Citoyen Togo Debout, ce regroupement est dénommé "Cadre de travail".
Mais cette nouvelle coalition pourra-t-elle tenir dans la durée ?
Pour les initiateurs de ce mouvement, la réforme constitutionnelle au Togo vise à prolonger le pouvoir de Faure Gnassingbé en lui ouvrant la voie vers une présidence du Conseil, un organe clé du nouvel édifice institutionnel.
Selon Jean-Pierre Fabre, leader de l'Alliance nationale pour le changement (ANC), qui appelle à une mobilisation généralisée, "nous devons nous redresser sur l'ensemble du territoire national, dans les hameaux les plus reculés, dans l'ensemble de la diaspora togolaise à l'étranger, pour engager et soutenir, dans le respect de la charte portée sur les fins baptismaux, la lutte décisive que nous engageons pour faire échec à la constitution frauduleuse et scélérate du pouvoir. Il y va de la libération du Togo et du peuple togolais".
Nouvelle dynamique, mais pour combien de temps ?
Si cette annonce relance la dynamique contestataire, plusieurs observateurs s'interrogent sur la capacité de cette coalition à tenir dans la durée. Par le passé, de nombreuses tentatives similaires ont vu le jour, mais elles ont souvent échoué faute de cohésion et de stratégie efficace.
Madji Diabakaté, analyste politique, salue ce réveil de l'opposition "mais le modus operandi demeure le même dans la mesure où ce n'est pas la première fois qu'on voit des partis d'opposition et des organisations de la société civile se mettre d'accord pour mener une lutte au Togo. Cela a toujours été le cas, mais c'est toujours aussi des divisions qui ont suivi parce que ces regroupements ont été victimes de la durée ou du temps, parce qu'ils ont fini par se disloquer avec le temps, car les uns et les autres ne tombaient pas d'accord sur la manière d'aller".
Face à ces échecs répétés, une question se pose : ces multiples initiatives qui n'aboutissent pas à des changements concrets ne risquent-elles pas d'épuiser les Togolais et d'éroder leur espoir en une réelle alternance ?
Coup d'Etat constitutionnel
Pour Madji Diabakaté, "ceux qui aspirent au changement ne sont pas fatigués. Peut-être même que ceci vient de leur redonner de l'espoir. Parce que la perte d'espoir est déliée au fait qu'il a fallu que les gens s'organisent à l'extérieur pour dire qu'ils vont lutter contre le système de la contrebande. Donc si aujourd'hui, maintenant, en interne, les gens sont engagés, je pense que ça ne peut que redonner espoir".
Un nouvel espoir, donc, pour une partie de la population, mais des défis immenses pour cette coalition qui devra surmonter les divisions et proposer une véritable alternative. Reste à savoir si cette initiative parviendra à mobiliser largement et à inscrire son action dans la durée.
Le 23 mars prochain, des partis politiques et des organisations de la société civile togolaise entendent organiser un meeting populaire à Lomé. L'objectif : rejeter la nouvelle Constitution et dénoncer ce qu'ils qualifient de coup d'État constitutionnel.