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Record de déplacés en Afrique de l'Ouest et du Centre

20 juin 2025

Ce vendredi 20 juin, c’est la journée mondiale des réfugiés. Des réfugiés et déplacés toujours nombreux. Focus sur l'Afrique de l'Ouest et centrale.

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Les réfugiés soudanais se rassemblent pour la distribution mensuelle de nourriture organisée par le Programme alimentaire mondial sur le site spontané d'Adré, et pour la distribution de cartes de rationnement du HCR aux nouveaux arrivants à Adré au Tchad
Ces derniers mois, le Tchad fait face à un afflux massif de réfugiés en provenance du Soudan voisin Image : Nicolo Filippo Rosso/UNHCR

Les conflits, les chocs climatiques, la recherche d’un meilleur avenir... les raisons pour lesquelles de nombeux Africains quittent leurs habitations sont connues. "Les femmes et les enfants représentent 80 % des personnes déplacées de force", explique à la DW Abdouraouf Gnon-Konde, directeur du bureau régional du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre.  

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale comptent environ 12,7 millions de personnes déplacées de force et d'apatrides

Le Nigeria, le Burkina Faso et le Cameroun accueillent à eux seuls environ 80 % des personnes déplacées dans ces deux régions.

Point de rupture au Tchad

Le Tchad, lui, accueille des réfugiés de la République centrafricaine et du Niger. Mais l’est du Tchad a surtout vu affluer des réfugiés fuyant la guerre civile au Soudan voisin. Le responsable de la coordination humanitaire pour l’Onu estimait récemment, que l’est du Tchad est à son point de rupture.  

Des réfugiés burkinabè à Koro au Mali (11.04.2024)
Des millions de Burkinabè ont quitté leur domicile en raison des attaques djihadistes Image : NRC

Luisa de Freitas dirige le centre régional de données de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Dakar au Sénégal. Elle explique sur la DW : "Nous ne voyons pas seulement des Soudanais qui fuient le conflit, mais aussi, dans des pays comme le Tchad, des Tchadiens qui vivaient au Soudan. Ils ont vécu là, parfois pendant des décennies, et maintenant ils retournent dans leur pays d'origine, même s'ils ont déjà fait leur vie au Soudan, mais ils sont plus riches que ce que nous appelons les rapatriés, puisqu'ils retournent dans leur pays d'origine et c'est vraiment le plus grand nombre de cas que nous voyons arriver au Tchad."  

Le Tchad accueille plus de 850.000 réfugiés soudanais. Et 250.000 Soudanais supplémentaires sont attendus d'ici à la fin de 2025. Avant cet afflux du Soudan, "près d'un million de personnes dans l'est du Tchad avaient déjà un besoin urgent d'aide humanitaire", a estimé l’Onu.   

Des déplacés rentrent chez eux 

La bonne nouvelle en Afrique de l’Ouest et du centre, c’est que des déplacés rentrent chez eux, volontairement. Selon les Nations unies, près de 195 000 personnes déplacées sont retournées au Mali et près de 65 000 en Centrafrique. 

Après les dernières violences au Burkina Faso, les résidents ghanéens le long de la frontière continuent d'accueillir des réfugiés dans leurs communautés. A Widnaba, dans le nord du Ghana, les bonnes volontés abondent, mais les ressources manquent (février 2023)
Quand ils fuient leur domicile, les déplacés et réfugiés se retrouvent parfois dans des communautés, elles-mêmes dépourvues de moyens Image : Maxwell Suuk/DW

Alpha Seydi Ba, porte-parole du bureau du HCR à Dakar voit ces retours comme une bonne nouvelle mais espère un retour de la paix dans les zones en conflit.  

"Les crises humanitaires sont, avant tout, des crises politiques et c'est pourquoi nous souhaitons toujours la paix. Parce que si nous ne sommes pas capables de faire la paix, il n'y aura pas de situation où le retour sera possible." 

Mais les efforts de retour pourraient être anéantis par un autre facteur, loin des zones de crises : la fin des programmes d’aide internationale des Etats-Unis. Et cela handicape le travail des humanitaires. Le budget régional global du HCR a été réduit de 50 % entre 2024 et 2025.  

"Cela signifie moins de nourriture, moins d'abris, moins de soins de santé, moins d'eau potable, moins de protection basée sur le genre, ce qui rend les systèmes de protection globale des personnes déplacées plus fragiles", explique Alpha Seydi Ba qui ajoute que "le HCR dans la région se trouve à un point de basculement"