Températures extrêmes et vies bouleversées en Afrique
14 mai 2025À la fin de l'année 2024, le nombre de déplacés internes s’est élevé à 83,4 millions, soit l’équivalent de la population de l’Allemagne. Près de 90 % de ces déplacements forcés sont dus aux violences et aux conflits, comme ceux qui se déroulent dans l’est de la RDC ou au Soudan.
Cependant, les conflits armés n’en sont pas les seules causes. Selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM), dans son nouveau rapport, l’Afrique est particulièrement touchée par des événements météorologiques extrêmes.
Le nombre de déplacés a bondi de 50 % au cours des six dernières années, précisent l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) et le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC), dans leur rapport conjoint publié à Genève.
Les phénomènes météorologiques extrêmes
Les phénomènes météorologiques, souvent exacerbés par le changement climatique, ont provoqué 99,5 % des déplacements liés aux catastrophes l’an dernier, selon le rapport. Ces chiffres alarmants surviennent alors que les organisations humanitaires mondiales sont en grande difficulté, en raison notamment du gel, par Donald Trump, de la majorité de l’aide financière américaine.
Alexandra Bilak, directrice de l’IDMC, a expliqué dans un communiqué que "le déplacement interne est l’endroit où se croisent conflit, pauvreté et crise climatique, frappant de plein fouet les plus vulnérables".
Contrairement aux réfugiés, qui fuient leur pays pour s’installer ailleurs, les déplacés sont des personnes contraintes de quitter leur domicile tout en restant dans leur pays. Alors que l’IDMC et le NRC dressent ce constat, l’Organisation météorologique mondiale tire également la sonnette d’alarme : le nombre de pays signalant des déplacements dus à la fois aux conflits et aux catastrophes climatiques a triplé en 15 ans.
Réduire les risques liés au changement climatique
Plus des trois quarts des déplacés internes à cause des conflits vivent dans des pays particulièrement vulnérables au changement climatique. Cette situation rejoint les préoccupations de Karina von Schuckmann, océanographe et experte du climat, qui appelle à l’action.
"Aujourd’hui, le changement climatique affecte toutes les régions de la Terre et de multiples façons, y compris les océans. Un point essentiel est de réduire les risques liés au changement climatique, en atténuant les effets, en réduisant les gaz à effet de serre et en atteignant les objectifs de développement durable", a-t-elle préconisé.
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) partage également cette urgence dans son dernier rapport, publié au même moment que celui de l’IDMC et du NRC. Ce rapport dresse un constat alarmant concernant l’Afrique, durement touchée par des événements météorologiques extrêmes, responsables d’environ 10 % des déplacements internes.
Des températures records en Afrique
Selon l’OMM, en 2024, l’Afrique a enregistré des températures records, les plus élevées jamais mesurées sur le continent. Cela a entraîné des événements climatiques extrêmes, tels que des sécheresses sévères, notamment au Maroc, où la production agricole a chuté de moitié.
Dans le sud du continent, des pays comme le Zimbabwe et la Zambie ont vu leurs rendements céréaliers diminuer de 50 % et 43 % respectivement. Par ailleurs, des précipitations extrêmes et des inondations ont touché des millions de personnes, avec 700 000 victimes au Kenya, en Tanzanie et au Burundi.
En Afrique de l’Ouest et centrale, plus de 4 millions de personnes ont été affectées, notamment au Nigeria, au Niger, au Tchad, au Cameroun et en République centrafricaine, soulignant la vulnérabilité du continent face aux impacts du réchauffement climatique.