Tchad : Succès Masra placé en garde à vue
16 mai 2025Au Tchad, l'ancien Premier ministre Succès Masra est en garde à vue depuis ce matin. Interpellé à l'aube à son domicile, il est accusé d'être impliqué dans les tragiques événements survenus dans la province du Logone-Occidental, au sud du pays. Un affrontement communautaire qui a coûté la vie à au moins 42 personnes, le 14 mai dernier.
Selon le parquet de N'Djamena, l'arrestation de Succès Masra fait en effet suite à une enquête menée par la police judiciaire après les violents affrontements survenus à Mandakao, un village de la province du Logone-Occidental.
Appels à la haine
D'après les premières investigations de la police, Succès Masra serait impliqué dans ces événements, notamment à travers des appels à la haine, a expliqué Oumar Mahamat Kedelaye, procureur de la République.
Selon lui, "des messages ont été diffusés, notamment sur les réseaux sociaux, appelant la population à s'armer contre d'autres citoyens. Comme conséquences dramatiques de ces messages haineux appelant à la révolte contre une catégorie de personnes, le bilan de ces affrontements fait état de 42 victimes, en majorité des femmes et des enfants, des habitations incendiées et des sépultures profanées. Ces actes graves sont constitutifs d'incitation à la haine et à la révolte, constitution et complicité de bandes armées, complicité d'assassinat, incendie volontaire, profanation de sépultures".
Le parti Les Transformateurs dénonce de fausses accusations
L'analyste Yamingué Betinbaye trouve ces accusations surprenantes et surréalistes, mais souligne tout de même qu'elles pourraient nuire à la réputation de Succès Masra, déjà fragilisée après les événements tragiques du 20 octobre 2022.
Il note que "l'interpellation et les chefs d'accusation contre Succès Masra surprennent tout le monde justement parce qu'il n'y a pas eu, à ma connaissance, de messages de haine distillés ou véhiculés ouvertement par Succès Masra ces derniers jours. Mais puisque les autorités judiciaires semblent en avoir la preuve, l'opinion est dans l'attente. Toutefois, les accusations elles-mêmes peuvent être dommageables pour le président des Transformateurs. Puisque même s'il venait à être disculpé de ces accusations, ce serait une tache remarquable sur sa personnalité qui pourrait affecter à moyen ou à long terme sa carrière politique".
Le parti Les Transformateurs rejette catégoriquement ces accusations. Son vice-président, Sitack Yombatinan, les qualifie de fallacieuses, affirmant qu'il n'y a aucune preuve réelle derrière ces allégations.