Au Tchad, le retrait des troupes françaises crée un vide
31 janvier 2025Le Tchad a officiellement décidé de mettre fin à son accord de coopération militaire avec la France, une décision qui soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir de la sécurité et de la formation des forces tchadiennes.
Un précédent historique
Pour beaucoup, cela ne fait aucun doute : sans l’aide militaire française, l’armée tchadienne pourrait être en difficulté face aux menaces djihadistes. Cependant, l’éditorialiste tchadien Narcisse Laldjim tempère cette analyse en rappelant que ce n’est pas la première fois que le Tchad prend une telle décision.
En effet, en 1975, après le coup d’État du Conseil militaire supérieur qui a renversé le président François Tombalbaye, le nouveau dirigeant, Félix Malloum, avait déjà demandé le départ des troupes françaises.
"Celles-ci avaient quitté le pays avant de revenir en 1983 dans le cadre de l’opération Manta, destinée à soutenir le régime de Hissène Habré face aux troupes libyennes appuyant la rébellion dans l’extrême nord du pays."
Un vide à combler
Aujourd’hui, la rupture avec la France oblige le Tchad à redéfinir ses alliances militaires. Les autorités tchadiennes ont exprimé leur volonté d’ouvrir de nouveaux partenariats tout en laissant la porte ouverte à une coopération avec Paris dans d’autres domaines. Toutefois, sur les aspects cruciaux de la formation et de la logistique, le retrait français risque de créer un vide important.
Le politologue Evariste Toldé souligne que plusieurs acteurs pourraient se positionner pour remplacer l’aide française :
"Parmi les partenaires potentiels, il n'y a pas que les Russes : on compte aussi les Turcs, les Hongrois et les Américains. Il convient de rappeler que les forces spéciales américaines avaient été priées de quitter le pays, mais elles sont actuellement en train de renégocier leur retour."
Un pari risqué ?
Si de nouveaux partenariats sont envisagés, leur efficacité reste incertaine. Pour Evariste Toldé, l’enjeu principal sera de trouver des acteurs capables d’assurer une transition sans affaiblir les capacités opérationnelles de l’armée tchadienne :
"Il sera difficile pour le Tchad de combler ce vide immédiatement. Rien ne garantit que d'autres partenaires seront en mesure d’assurer les mêmes missions que la France."
Alors que la menace djihadiste demeure une préoccupation majeure dans la région, le Tchad entre dans une nouvelle phase stratégique dont l’issue reste incertaine. Reste à voir si les nouvelles alliances militaires suffiront à maintenir la stabilité du pays.