Tchad : l'appel au dialogue de Mahamat Idriss Déby divise

Lors d'une communication faite hier face aux leaders des formations politiques, le président du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a exhorté ces derniers à envisager la création d'un nouvel organe permanent dédié au dialogue politique.

Une structure qui sera selon lui, en adéquation avec les exigences de la refondation, les réalités et vitalité de la démocratie tchadienne. Elle survient trois semaines après la dissolution du Cadre national de concertation politique (CNCP), instauré en mars 2023 pour accompagner la transition.

Selon Mahamat Idriss Déby Itno, l'ancien organe a montré des failles, tant dans son organisation que dans son fonctionnement.

‘'En tirant les leçons de ces insuffisances, il est essentiel de réfléchir à un nouvel organe qui rassemble toutes les sensibilités politiques du pays : un organe crédible, inclusif, capable de prévenir les crises et d'enrichir le débat démocratique'', dit le président tchadien.

Une idée positive pour certains acteurs de la vie politique tchadienne

"C'est tout à fait logique", affirme François Djekombé, président du parti Union sacrée pour la République (USPR) et député à l'Assemblée nationale.

"Même si, globalement, nous avons terminé la transition avec de nombreuses satisfactions, contrairement à d'autres pays, des problèmes politiques subsistent. Certains partis ont boycotté le dialogue national souverain et inclusif, tandis que d'autres ont renoncé aux élections générales, etc", explique au micro de la DW. 

"Du côté extérieur, notamment en ce qui concerne la rébellion, il y a également une main tendue pour permettre aux Tchadiens de continuer à dialoguer. Je pense donc que la complexité de nos problèmes impose un dialogue constant au Tchad."

Un organe de contrôle ?

Cependant, certains acteurs et observateurs de la scène politique tchadienne redoutent que la mise en place de ce nouvel organe ne soit qu'un instrument au service du pouvoir, dépourvu d'indépendance et sans réelle volonté de changement, comme cela a souvent été le cas par le passé. 

"Les cadres de dialogue que nous avons fréquemment eus au Tchad, y compris le dernier créé durant la transition qui vient d'être dissous, ont montré un manque d'intelligence en s'associant au régime et en étant soumis à une infiltration constante des dirigeants", remarque Yamingué Betinbaye, analyste politique. 

"Cela a régulièrement donné l'impression qu'ils étaient plutôt des instruments au service du pouvoir, plutôt que de véritables espaces de dialogue entre les acteurs politiques."

D'autres tchadiens expriment également des préoccupations sur ce type d'initiatives qui pourrait coûter cher au trésor public et entraîner la corruption en politique.