La justice sénégalaise est paralysée
29 juillet 2025Les juridictions sénégalaises sont paralysées depuis quelques semaines par une grève de l’intersyndicale des travailleurs de la justice. Aux revendications sur les conditions professionnelles s’ajoutent une mauvaise humeur face aux critiques de certains membres du Pastef (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité) au pouvoir concernant une décision judiciaire récente qui a visé le Premier ministre, Ousmane Sonko.
"Dans un pays, dans un Etat de droit, que des gens ou des syndicats constitués posent des revendications et qu’on les ignore, c’est inacceptable. Notre revendication est légitime et nous comptons la porter jusqu’à satisfaction parce que cela va dans le sens d’améliorer la qualité du service public de la justice qui, sans des travailleurs motivés, sera impacté négativement" déclare à la DW Maître Aya Diop est secrétaire général du syndicat des travailleurs de la justice, Sytjust.
Statut distinct
Le Syndicat des travailleurs de la justice, Sytjust, et l’Union nationale des travailleurs de la justice, l’UNTJ, réclament le rattachement des greffiers à un statut distinct. Les fonctionnaires qui ne sont pas greffiers doivent en effet être reversés dans le tout nouveau corps d’assistants des greffes et parquets.
Ces revendications sont portées depuis 2018, rappelle maître Aya Diop, secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la justice, greffier à la Cour d‘appel de Dakar depuis 25 ans.
Selon le greffier, "ce sont des doléances qui remontent à l’époque de l’ancien pouvoir. Mais l’Etat, c’est une continuité ! Il faudrait que les nouvelles autorités en tiennent compte. Lorsqu’on hérite d’une situation, on hérite du passif comme de l’actif".
La séparation des pouvoirs, menacée
Cependant, un autre facteur de tension préoccupe la justice sénégalaise. La Cour suprême a confirmé, début juillet, la condamnation du Premier ministre Ousmane Sonko pour diffamation.
Celui-ci contestait sa condamnation, en janvier 2024, à six mois de prison avec sursis pour diffamation envers l’ancien ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang.
Cette décision a suscité la colère de certains cadres du Pastef qui reprochent au président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, de ne pas avoir protégé son Premier ministre.
Ces reproches semblent donc ignorer le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs en vigueur au Sénégal.
Babacar Diouf, enseignant à Dakar, s’interroge sur la neutralité du pouvoir exécutif.
L'universitaire affirme que
Récemment, le Premier ministre, Ousmane Sonko, s’en est aussi pris à Bassirou Diomaye Faye, critiquant la gestion de l’Etat sénégalais et les dossiers judiciaires en instance.