Au Soudan, El Fasher menacée de famine
8 août 2025En proie à une guerre civile meurtrière depuis avril 2023, le Soudan fait aussi face à une crise humanitaire aiguë.
La famine est déjà là depuis des mois, dans deux camps situés près de la ville d'El Fasher.
Situés dans le nord-ouest du Soudan, ces camps abritent des centaines de milliers de personnes déplacées. C’est le Système intégré de classification de la sécurité alimentaire (SISA) de l'Observatoire mondial de la faim qui a donné l’alerte, en décembre dernier. L’organisation avait déjà prévenu que la guerre civile en cours au Soudan pourrait entraîner une famine dans la ville même d'ici mai.
Avertissement prémonitoire
El Fasher, capitale de l'État du Darfour-Nord, est assiégée depuis plus d'un an par les Forces de soutien rapide (FSR).
Cette semaine, les Nations unies et plusieurs de leurs agences ont averti qu'environ 300.000 personnes piégées dans la ville risquent de mourir de faim.
Dans un communiqué, le PAM déplore de n'avoir pas été en mesure d'acheminer de l'aide alimentaire à El Fasher par la route depuis plus d'un an, car tous les axes y menant sont bloqués.
"Ce dont nous avons vraiment besoin maintenant, c'est d'une trêve humanitaire afin de pouvoir acheminer en toute sécurité des vivres et des aliments d'urgence vers la ville, assiégée par les Forces de soutien rapide depuis plus d'un an. C'est l'urgence absolue", a déclaré à la DW Leni Kinzli, porte-parole du Programme alimentaire mondial pour le Soudan.
Appel à la communauté internationale
La guerre civile au Soudan a commencé mi-avril 2023 lorsque deux groupes militaires rivaux, les Forces de soutien rapide (FSR) dirigée par Mohamed Hamdan Dogolo dit Hemdeti et les Forces armées soudanaises (SAF) d'Abdel-Fattah Burhan, dirigeant de facto du pays, ont commencé à s'affronter pour le contrôle du pouvoir.
Le gouvernement d'Abdel-Fattah Burhan, dont les combattants sont estimés à 20.000 hommes, est basé à Khartoum et est reconnu par la communauté internationale et par l'ONU comme le gouvernement légal et légitime du Soudan.
Les FSR de Hamdan Daglo ont des effectifs qui oscillent entre 70.000 et 100.000 combattants. Ce mouvement fonctionne davantage comme une force de guérilla et comprend les tristement célèbres milices Janjaweed, connues pour leur brutalité au Darfour au début des années 2000. C'est pourquoi, Leni Kinzli appelle la communauté internationale au secours.
"Nous attendons deux choses de la part de la communauté internationale. Premièrement, bien sûr, des financements et des ressources supplémentaires, car les besoins au Soudan sont immenses. Nous parlons de 25 millions de personnes souffrant de faim aiguë, ce qui représente une estimation modérée de l'ampleur de la crise alimentaire actuelle, et les ressources dont nous disposons ne suffisent tout simplement pas à répondre à cette ampleur – malgré le fait que nous ayons pu soutenir en moyenne 4 millions de personnes chaque mois au cours des six derniers mois", s'alarme-t-elle.
Les deux camps belligérants sont régulièrement accusés de commettre des crimes contre des civils.
El Fasher reste le seul centre urbain de la région du Darfour non contrôlé par les FSR de Hamdan Daglo. Si les FSR l'emportent, elles contrôleront la quasi-totalité de l'ouest du Soudan.