Le sommet de l'UE expose pressions, tensions et divisions
27 juin 2025Sous pression sur plusieurs fronts, les dirigeants européens, réunis en sommet à Bruxelles, ont cherché jeudi (26.06.2025) à avancer sur un terrain glissant : apaiser Donald Trump et éviter une guerre commerciale avec les États-Unis.
Après avoir consenti à une hausse historique de leurs dépenses militaires au sein de l’Otan, les Européens espèrent désormais trouver une issue sur le plan commercial. "Les négociations se poursuivent", a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
Le chancelier allemand Friedrich Merz, lui, plaide pour un accord rapide, même si cela implique un compromis déséquilibré. Berlin se dit prêt à accepter certaines surtaxes sans réelle contrepartie, tant qu’un conflit ouvert est évité.
À Bruxelles, personne ne croit encore au mirage d’un accord avec "zéro droit de douane". L’objectif, confient des diplomates, serait plutôt d’offrir à Trump de quoi se prévaloir d’une victoire, sans que l’Europe y perde trop.
Autre sujet qui divise : Gaza
Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a jeté un pavé dans la mare en qualifiant la guerre menée par Israël de « génocide », et en réclamant un accès humanitaire "immédiat et urgent" piloté par l’ONU. Il a même exigé que l’UE suspende sans délai son accord d’association avec Israël.
Un rapport présenté aux ministres des Affaires étrangères européens en début de semaine estime en effet qu’Israël a violé ses engagements en matière de droits de l’homme. Si l’Espagne et quelques autres États soutiennent une suspension partielle de cet accord, une majorité reste réticente.
Face à ces divisions, les conclusions du sommet restent prudentes. La députée allemande Marie-Agnes Strack-Zimmermann (FDP) a lancé un appel au dialogue.
"Nous savons que l’Espagne a un gros problème avec Israël et je pense que Monsieur le chancelier est appelé à discuter avec son collègue israélien."
Sanctions prolongées mais pas étendues
Le climat, invité surprise du sommet
Les Vingt-Sept ont, en revanche, trouvé un terrain d’entente sur la Russie. Ils ont validé la prolongation de six mois des sanctions déjà en place depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022 par la Russie.
Mais l’adoption d’un 18ᵉ paquet s’est heurté au veto de la Slovaquie, dont le Premier ministre Robert Fico tente d’obtenir des garanties sur l’approvisionnement en gaz, alors que l’UE veut cesser ses importations de gaz russe d’ici 2027.
Enfin, même s’il ne figurait pas officiellement à l’ordre du jour, l’objectif climatique européen pour 2040 a fait irruption dans les débats.
La Commission européenne s’apprête à proposer une réduction des émissions de CO2 de 90 % par rapport à 1990, mais en laissant des marges de flexibilité : prise en compte de crédits carbone internationaux ou financement de projets verts hors UE. Certains pays comme la France, restent prudents sur la méthode.