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EconomieAfrique

Smart Africa : l'Afrique prend en main son destin numérique

Rodrigue Guézodjè
10 mai 2025

Avec Smart Africa, 40 pays unissent leurs forces pour bâtir un continent connecté, souverain et compétitif. Résolue à être actrice de son avenir numérique, l’Afrique mise sur l’innovation comme levier de croissance, d’inclusion et de leadership mondial. // La décision de Donald Trump d’imposer une hausse massive des droits de douane à l’importation menace les exportations africaines,

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L’Afrique ne veut plus être spectatrice des grandes révolutions technologiques : elle entend désormais en être actrice, leader ou bénéficiaire. C’est précisément l’esprit qui a donné naissance à Smart Africa, une alliance stratégique qui incarne cette ambition continentale.

En rassemblant 40 pays autour d’un projet commun de transformation numérique, Smart Africa veut faire de ce secteur un levier de souveraineté, de croissance inclusive et de leadership africain sur la scène mondiale.

Réunis donc autour de cette vision d’un continent connecté, les membres de l'instance de gouvernance de cette alliance ont adopté une série de résolutions stratégiques majeures.

L’Afrique prend le virage numérique en main

Parmi les grandes décisions issues du récent sommet de Smart Africa, la création d’un Conseil africain de l’intelligence artificielle marque un tournant stratégique. Pour Lacina Koné, Directeur Général de l’alliance, il ne s’agit plus pour le continent de subir les révolutions technologiques, mais de les anticiper, les encadrer et les maîtriser.

« L’intelligence artificielle ne doit pas être une vague qui nous submerge, mais un dévié que nous maîtrisons », déclare avec conviction Lacina Koné.

À la tête de l’alliance panafricaine , il détaille les priorités concrètes du nouveau Conseil africain de l’IA : poser les bases d’une gouvernance éthique, inclusive et souveraine de cette technologie sur le continent. Cela passera par la définition de normes adaptées aux réalités culturelles et économiques africaines, la formation massive de talents via des centres d’excellence, et la construction d’un cadre juridique harmonisé à l’échelle continentale, tout en respectant les spécificités nationales.

Face aux initiatives déjà existantes au niveau national ou régional, Smart Africa se veut un catalyseur et non un substitut. Une cartographie des projets existants a été réalisée, et le DG est formel :

« Ce conseil ne remplacera rien. Il coordonne, amplifie et fédère. »

Achats groupés : la solidarité comme levier économique

Autre résolution forte : la création de la Bulk Purchasing Marketplace Platform, une plateforme d’achats groupés destinée aux écoles et centres de santé. L’idée est simple : mutualiser les commandes pour réduire les coûts et favoriser l’accès aux équipements essentiels, en particulier pour les pays économiquement fragiles.

Un fonds de soutien solidaire est en cours de création pour garantir l’inclusion des pays les plus vulnérables. Smart Africa travaille déjà avec des partenaires comme la Banque mondiale ou l’Agence norvégienne de développement pour garantir un accompagnement technique et financier durable.

Cybersécurité : un plan d’action continental

Pour Lacina Koné, il n’y a pas de transformation numérique sans sécurité numérique. Le plan directeur continental pour la cybersécurité repose sur trois piliers : les talents, les processus et la technologie. Smart Africa investit dans la formation via son centre d’innovation en cybersécurité à Abidjan et soutient la montée en puissance des CERTs nationaux. L’ANCA (African Network of Cybersecurity Authorities), le premier réseau du genre sur le continent, a été lancé pour harmoniser les politiques, renforcer les capacités et coordonner les réponses aux menaces.

Vers un marché unique de la santé numérique

Dernier pilier de cette stratégie panafricaine : la santé numérique. D’ici 2027, Smart Africa vise l’interopérabilité des systèmes de santé à l’échelle continentale.

« La santé ne connaît pas de frontières. La santé numérique ne devrait pas en avoir non plus », insiste Lacina Koné.

Grâce au réseau africain de leadership en santé numérique, au renforcement du cadre de gouvernance des données et à l’investissement dans les infrastructures, l’objectif est qu’un citoyen africain puisse accéder à ses données médicales à travers les frontières, de manière fluide, sécurisée et souveraine.

L’Afrique assume son destin technologique

Smart Africa incarne une Afrique qui ne veut plus rester à la traîne des grandes révolutions technologiques. En posant les jalons d’une transformation numérique souveraine et inclusive, l’alliance donne corps à un projet ambitieux mais nécessaire : passer du statut de consommatrice de technologies à celui d’actrice et de créatrice.

- Cliquez sur l’image pour écouter l’intégralité de l’interview de Lacine Koné -

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Les nouvelles barrières tarifaires décidées par les États-Unis frappent de plein fouet plusieurs économies africaines.

C’est une décision brutale. Le président américain Donald Trump vient d’annoncer une hausse généralisée des tarifs douaniers à l’importation. Tous les pays exportant vers les États-Unis sont concernés, sans exception. Et l’Afrique, qui cherche encore à trouver sa place dans les chaînes de valeur mondiales, se retrouve au cœur de cette nouvelle guerre commerciale.

Parmi les plus durement touchés : le Lesotho, petit royaume enclavé d’Afrique australe, voit certains de ses produits taxés jusqu’à 50 % à l’entrée du marché américain. Un coup dur pour un pays dont l’économie repose largement sur les exportations textiles — notamment via l’AGOA, accord censé faciliter l’accès au marché américain.

Un coup dur pour les exportations africaines

L’Afrique du Sud, deuxième puissance industrielle du continent, est également concernée, tout comme l’Algérie, grand exportateur d’hydrocarbures. Pour ces pays, la hausse des droits de douane risque d’impacter lourdement leurs volumes d’exportation, leur compétitivité, et in fine l’emploi local.

« Nous risquons de voir certaines entreprises fermer ou délocaliser leur production vers des zones non touchées par ces taxes », alerte un économiste interrogé à Bujumbura, au Burundi.

Vers une réponse africaine coordonnée ?

Alors que l’Afrique peine encore à parler d’une seule voix dans les grandes négociations économiques internationales, cette crise pourrait être l’occasion d’un sursaut collectif. En ligne de mire : accélérer l’intégration continentale, valoriser les marchés intérieurs, et réorienter les flux commerciaux vers l’Asie, l’Europe ou l’Amérique latine.

Mais à court terme, les économies les plus vulnérables, comme celle du Lesotho, auront besoin d’un accompagnement d’urgence pour absorber le choc.

Un tournant dans les relations commerciales Afrique–États-Unis

Cette décision américaine ouvre une nouvelle ère, plus incertaine, dans les relations commerciales entre Washington et le continent africain. Elle relance aussi les débats autour de l’AGOA, dont l’avenir s’annonce plus flou que jamais.

Le défi pour l’Afrique ? Transformer cette menace en opportunité de redéfinir ses partenariats économiques et de renforcer sa souveraineté commerciale.

- Cliquez sur l’image pour écouter l’intégralité du reportage d’Antediteste Niragira, le correspondant de la DW au Burundi -

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Afrikanische Währung l Geld l Togo, Markt von Lome
Image : Ute Grabowsky/photothek.net/picture alliance

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