La situation sanitaire reste préoccupante dans le Nord-Kivu

 Depuis la prise de Goma et Bukavu par le M23 à la fin du mois de janvier, la societe civile ne cesse d'alerter sur la situation sanitaire qui prevaut dans certaines zones.

Jackson Vahalwire est le président de la société civile de Lubero. Son organisation suit attentivement la situation sanitaire dans sa province. Il redoute le pire pour les populations. 

"Ces personnes déplacées n'ont rien pour payer les soins. Il y en a qui souffrent d'anémie, les blessés de guerre, les femmes enceintes et les femmes allaitantes, les enfants atteints par la malnutrition, les diabétiques, les personnes vivants avec le VIH/Sida etc. Quelques cas de morts sont déjà signalés. Si les mesures idoines ne sont pas prises en ce moment, nous assisterons au pire."

Pour l’heure, les chiffres ne sont pas précis sur le nombre de décès. Les organisations humanitaires ont prévu prochainement la distribution de médicaments aux structures médicales.

Avant cette opération,  le médecin-chef de la zone de santé de Lubero, Cyrille Mumbere Musairwa, lance un cri d’alarme en direction du gouvernement, "pour que nous puissions continuer à prendre en charge ces déplacés et même la population autochtone parce que c'est elle qui a reçu ces déplacés, elle est aussi devenue vulnérable" .  

"Donc, si le gouvernement pouvait nous aider en médicaments, cela va soulager tout le monde", soutient Cyrille Mumbere Musairwa. 

Il est à noter que les régions les plus affectées par cette pénurie dans le Lubero sont également celles qui subissent des attaques de la part des ADF, ainsi que celles occupées par les rebelles de l'AFC-M23.    

Situation compliquée pour les humanitaires

La fermeture des aéroports de Goma et Bukavu limitent les solutions d’acheminement des médicaments de la plupart des acteurs humanitaires, alors que 90% des structures médicales du Grand Nord Kivu connaissent une rupture de stock selon une étude faite par le CICR en janvier 2025. Parmi les causes de cette rupture, on peut noter les pillages et les difficultés d’accès liées à l’insécurité.

Malgré ces difficultés, le CICR continue à fournir des médicaments essentiels à sept structures de santé du Grand Nord-Kivu. Deux d’entre elles sont situées dans le Lubero, elles accueillent des blessés, des déplacés et des retournés de guerre.

Selon le CICR, la suspension du financement de l'USAID a considérablement diminué la capacité d'intervention des acteurs humanitaires qui fournissent des médicaments essentiels, notamment ceux destinés à la lutte contre le paludisme, la tuberculose, ainsi que les kits post-viol.