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Sénégal : une enquête ouverte sur les violences politiques

29 juillet 2025

Le procureur de la République a été saisi pour conduire l'enquête sur les faits les plus lourds, comme les actes de torture ou les assassinats ciblés.

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Palais de Justice de Dakar
La justice sénégalaise veut indentifier et punir les commanditaires et les auteurs des crimes perpétrés lors des manifestations politiques dans le paysImage : Seyllou/AFP

C'est une étape franchie par le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre, Ousmane Sonko.

Les deux hommes avaient, durant la campagne présidentielle, promis de rendre justice aux victimes des manifestations réprimées par les forces de l’ordre, à l’époque de l’ancien président Macky Sall. Ces événements tragiquesavaient officiellement coûté la vie à au moins 80 personnes. 

Cette ouverture d'une enquête judiciaire intervient en dépit d’une loi d’amnistie qui avait été adoptée, en mars 2024, et qui avait d’ailleurs bénéficié à Bassirou Diomaye Faye. Celui-ci avait pu être libéré de prison et se présenter ensuite à l’élection présidentielle, qu’il a remportée.

Violences politiques au Sénégal en juin 2023
Les manifestations politiques avaient été à l'origine de nombreux pillages dans la capitale DakarImage : John Wessels/AFP

En avril dernier, une loi qui avait pour but de lever partiellement l’immunité pour les violences politiques avait été bloquée par le Conseil constitutionnel. Cependant, celui-ci avait dit que certains crimes imprescriptibles, comme les actes de torture ou crimes contre l’humanité, ne pouvaient pas être couverts par cette amnistie.C’est cette brèche que le ministère de la Justice a utilisée pour rouvrir certaines enquêtes.

Maître Bamba Cissé, avocat au barreau de Dakar, estime que l'ouverture de l'enquête judiciaire est une étape importante dans lutte contre l'impunité au Sénégal. "C'est une demande populaire qui a été formulée depuis très longtemps. Parce que le parti Pastef a été porté au pouvoir avec une forte revendication liée à ces manifestations que le Sénégal a connues, de 2021 à 2024.  Et ces manifestations ont causé beaucoup de dommages."

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Les victmes directes et indirectes

Aminata Fall fait partie de l'association des familles victimes. Elle a perdu son frère lors des manifestations réprimées à Dakar. Elle espère que l'ouverture de l'enquête permettra d'identifier les auteurs des crimes perpétrés. 

"C'est ce qu'on voulait depuis le début, c'est pour ça qu'on se battait. Ça fait quatre ans maintenant qu'on se bat pour que justice soit faite, donc on espère que justice sera rendue pour toutes les familles des martyrs. On n'aime pas qu'on commence les enquêtes et qu'on les mette ensuite dans un tiroir."

Abdoul Kadre est journaliste et il a couvert les violences qui ont secoué le Sénégal, à l’époque de l’ancien président Macky Sall.

"Ceux qui étaient au pouvoir, c'est-à-dire Benno Bokk Yakaar (la coalition politique qui soutenait Macky Sall, ndlr), sont en train de crier au règlement de comptes, mais le véritable obstacle qui a fait que la justice était lente résidait dans la difficulté de déterminer, précisément, quelles infractions sont juridiquement poursuivables."

Violences au Sénégal en juin 2023
A Dakar, des heurts ont opposé manifestants et forces de l'ordre donnant lieu à d'importants dégats matérielsImage : John Wessels/AFP

La justice au dessus de tout 

Selon Me Abibatou SAMB, Vice-présidente de ONDH Sénégal, "La récente décision du Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de saisir officiellement le Procureur gènèral aux fins d’enquêtes sur les décès survenus lors des manifestations politiques entre 2021 et 2024, est à saluer. Il s’agit là d’une étape importante vers la recherche et la découverte de la vérité sur ces événements qui ont secoué le Sénégal. Au-delà de cette recherche de vérité, c’est surtout l’idée d’une justice réparatrice pour les victimes qui séduit."

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Elle rappelle : "en outre, que les juges qui seront saisis de l’enquête, ou des enquêtes, se doivent d’instruire à charge et à décharge, dans le respect des droits des victimes et des droits de la defense. 
L’organisation nationale des droits de l’homme, dont je suis la Vice-présidente, suit la situation de très près et souhaite que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles et que les responsables, auteurs des faits poursuivis, répondent de leurs actes". 

Plusieurs proches du dossier judiciaire indiquent que les premières convocations sont attendues dès la semaine prochaine. Elles visent à entendre d’abord les familles des victimes qui accusent l'ancien pouvoir de faits de torture et de cas de viols. 

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent