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Le Mali peine à accueillir les réfugiés burkinabè

Mahamadou Kane
8 septembre 2025

Dans le cercle de Koro, il y a désormais presque autant de Burkinabè qui ont fui les violences chez eux que d'habitants maliens.

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Mali | Vue sur le village de Teli et la plaine de Bankass depuis la falaise de Bandiagara au pays Dogo (illustration)
Le nombre de réfugiés représente 80% de la population totale de la zoneImage : Nicolas Remene/Le Pictorium/MAXPPP/dpa/picture alliance

Au Mali, ils arrivent par milliers dans la région de Bandiagara, dans le centre du pays.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), estime à plus de 83.000, les Burkinabè qui ont fui les violences djihadistes dans leurs villages de la province du Yatenga, dans le nord du pays pour trouver refuge dans la région de Bandiagara.

Ceux-ci arrivent par vagues successives depuis début août dans le cercle de Koro qui comptait auparavant à peine 100.000 habitants. Ces déplacés sont accueillis par les autorités locales, mais aussi par les populations de Koro déjà confrontées à certains besoins élémentaires. 

"Nous avons abandonné nos maisons et nos biens"

Salif Bamogo, paysan, fait partie de la première vague des réfugiés qui ont abandonné leurs villages dans la province du Yatenga au Burkina Faso, pour élire domicile à Koro, dans le centre du Mali. Il est arrivé dans cette région le 07 août dernier avec 12 autres membres de sa famille.

 Salif explique comment il a quitté son village et quels sont les besoins les plus pressants pour lui et ses proches :

"Les djihadistes sont arrivés le 4 août dernier vers 8 heures dans notre village. Ils nous ont demandé de quitter les lieux. En raison de l'absence des forces de défense et de sécurité, nous sommes donc partis abandonnant ainsi nos maisons et nos biens. Ce dont nous avons besoin tout de suite, c'est la nourriture, l'eau, des logements, des savons pour nos divers besoins."

MSF | Crise dans le centre du Mali: des femmes déplacées et des enfants dans la clinique aménagée par Médecins sans frontières dans le cercle de Bandiagara (archive)
Les besoins des enfants sont particulièrement urgents dans les centres d'accueilImage : Mohamed Dayfour/MSF

Sensibiliser à l'accueil des étrangers

A Koro où ils ont trouvé refuge, les habitants tentent de leur venir en aide avec les moyens de bord : nourriture, vêtements et parfois même hébergement. Issa Goro, leader associatif de la commune rurale de Koro, revient sur la campagne de sensibilisation menée par les jeunes de la localité.

"Dans la ville, nous sensibilisons les populations afin qu'elles réservent un meilleur accueil aux étrangers qui sont en train d'arriver. Aux côtés des autorités locales, nous assistons également les réfugiés Burkinabè avec l'accompagnement de la chambre de commerce et d'industrie du Mali."

Saison des pluies à Bandiagara

Mais compte tenu de l'afflux des réfugiés, l'urgence est à tous les niveaux comme l'explique Mohamed Touré de la commission nationale chargé des réfugiés (CNCR) :

"Ils sont arrivés à un moment où il pleut beaucoup. Le problème d'abris se pose donc. Si la première vague a pu être hébergée dans les écoles publiques avec l'aide du préfet, cette nouvelle vague beaucoup plus importante n'a eu d'autres choix que de passer la nuit à la belle étoile sous la pluie. Il y en a parmi eux aussi qui ont eu la chance d'être accueillis dans des familles, des populations locales."

La faim qui rôde

Mohamed Touré revient aussi sur "les problèmes de nutrition, les problèmes alimentaires. Parce qu'il y a des enfants à très bas âge qui passent des jours sans manger. Les parents, n'en parlons pas. Parce que les denrées alimentaires qui ont pu être collectées par la population, cette quantité n'est pas suffisante."

Samedi dernier (6 septembre 2025), l'ONG l'agro-action allemande (Welthungerhilfe), qui lutte contre la faim et la pauvreté dans le monde et le PAM, le Programme alimentaire mondial, ont procédé à une distribution de vivres au profit des femmes enceintes et allaitantes, mais aussi des enfants qui ont fui les violences au Burkina Faso.