Berlin suspend son aide au développement pour le Rwanda

C'est par un communiqué que le ministère allemand de la Coopération a fait part de sa décision de suspendre ses "nouveaux engagements financiers", mais aussi de "revoir les liens avec le gouvernement rwandais dans le domaine de la coopération au développement".

Cette décision a été prise alors que Berlin dit "condamner fermement" l'offensive du M23 dans l'est de la RDC, une offensive marquée par la prise des villes de Goma et Bukavu. Une "violation de l'intégrité territoriale et de la souveraineté" de la RDC, selon l'Allemagne.

Des projets dans divers domaines

Pour des organisations comme l'Association congolaise pour l'accès à la justice, l'Acaj, la décision de Berlin est à saluer, mais cette suspension de l'aide doit être ciblée.

"L'Allemagne s'est rangée effectivement dans le camp des pays qui défendent le droit international et qui défendent toujours la protection des populations civiles, les droits humains" estime Georges Kapiamba le président de l'Acaj.

Selon toutefois le responsable de l'organisation de défense des droits de l'Homme"Berlin peut maintenir une partie de l'aide qui va profiter directement aux personnes vulnérables. Mais il doit suspendre toute aide qui profite directement aux institutions étatiques."

L'appui que le ministère de la Coopération et du Développement allemand fournit au Rwanda est estimé à environ 50 millions d'euros par an, en moyenne, pour des projets destinés au développement économique, à l'approvisionnement énergétique, à la protection du climat ou encore à des projets en lien avec la santé, comme la production de vaccins.

L'entreprise allemande de biotechnologie BioNTech a par exemple construit au Rwanda une usine de  production de vaccin.

La Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) travaille au Rwanda depuis plus de 40 ans principalement pour le compte du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). La coopération se concentre sur les domaines du développement économique durable, la bonne gouvernance, le climat et l'énergie.Egalement présent dans le pays : le constructeur allemand Volkswagen qui, à travers sa branche africaine, a ouvert, en 2018, une usine de production de véhicules, et lancé, plus récemment, un centre d'assemblage de tracteurs électriques. Une initiative visant à renforcer la progression de la mécanisation agricole au Rwanda.

Selon Christoph Kannengießer directeur général de Afrika-Verein l'Association des entreprises allemandes en Afrique, à court terme, la décision de Berlin n'aura pas d'impact sur les investisseurs.

Un impact sur les plus vulnérables

Pour l'économiste rwandais Ted Kaberuka, c'est surtout au niveau social que l'impact de cette suspension de l'appui de l'Allemagne se fera sentir.

"C'est une décision politique, mais évidemment qu'il y aura une répercussion sur les activités économiques et à plus forte raison sur les projets sociaux", explique-t-il à la DW.

Selon lui "si, par exemple, il y a un partenariat avec le ministère de la Santé pour construire des infrastructures sanitaires, par exemple des centres de santé, il y aura arrêt de ces investissements".

Avant Berlin, Londres avait annoncé la suspension de la majorité de ses aides financières au Rwanda. Ottawa avait également fait savoir qu'il allait "suspendre la délivrance de permis pour l'export au Rwanda de biens et technologies réglementés", ainsi que les nouveaux projets économiques gouvernementaux.

Le Canada entend par ailleurs revoir sa participation à des événements internationaux organisés au Rwanda.