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Le risque de crise en cas de poursuites contre Joseph Kabila

20 mai 2025

La résolution du conflit dans l'est de la RDC pourrait pâtir des accusations de trahison contre Joseph Kabila, qui pourrait perdre son immunité au Sénat.

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L'Assemblée nationale à Kinshasa
Le Sénat doit se prononcer sur la levée de l'immunité parlementaire de Joseph KabilaImage : DreamstimexIgorhirsc/Panthermedia/IMAGO

En République démocratique du Congo, une procédure a été lancée au Sénat afin de lever l'immunité parlementaire de Joseph Kabila, l'ex-président et sénateur à vie de ce pays.

Une commission spéciale a auditionné ce lundi (19.05), l'auditeur général de la Haute cour militaire qui accuse Joseph Kabila de trahison et de crimes de guerre, la justice militaire insiste sur le soutien présumé de Joseph Kabila aux rebelles de l'AFC-M23, qui occupent une partie de l'est de  la RDC.

La commission qui travaille à huis clos devait également entendre l'ex-président ce mardi, mais celui-ci vit à l'étranger depuis plusieurs mois. Il ne s'est donc pas présenté. Cette tension politique pourrait affecter la recherche de la paix dans l'est de la RDC.

Ecoutez le reportage à Kinshasa...

La question des preuves

Carlos Mupili, enseignant de droit, estime que, dans ce dossier, la justice s'est mise à la recherche de l'auteur avant de chercher les infractions et les preuves.

Selon lui, "l'auditeur général des FARDC a agi sous pression politique parce que le dossier est vide. On parle de sa présence à Goma en s'appuyant sur des médias dignes de foi, alors qu'au niveau de l'auditeur général, il doit s'appuyer sur les renseignements militaires qui devraient lui donner des précisions".

La commission spéciale du Sénat doit se prononcer, ce mercredi, sur la levée des immunités de l'ancien président et sénateur à vie, qui n'a pas répondu à l'invitation.

Ses partisans, qui citent la loi portant statut des anciens présidents, dénoncent une procédure illégale car, selon eux, c'est plutôt le Congrès qui doit statuer. Ce que conteste l'avocat Carlos Ngwapitshi. 

"Il revient au Sénat d'apprécier les faits, etime-t-il. La balle revient au Sénat. Ils peuvent décider de passer outre et puis soit autoriser, soit refuser. C'est ce que nous appelons un obstacle procédural. Ce sont des obstacles qui empêchent le procureur général ou l'auditeur général de poursuivre les auteurs présumés d'une infraction".

Joseph Kabila
Joseph Kabila se serait rendu à Goma, aux mains du M23Image : Siphiwe Sibeko/REUTERS

"Le ciel politique congolais s'assombrirait"

La résolution du conflit dans l'est de la RDC risque d'être compromise par cette nouvelle affaire. C'est ce que redoute le chercheur Justin Kamilolo de la Dynamique des politologues, la Dypol.

Celui-ci assure que "si jamais Joseph Kabila était livré à la justice, je crois que le ciel politique congolais s'assombrirait. Par conséquent, il sera difficile de parler de paix parce qu'il y a des acteurs politiques qui se retrouveront dans l'impossibilité de pouvoir s'asseoir (à la table des négociations) vu que leur autorité morale serait incarcérée ou poursuivie."

Le président Félix Tshisekedi accuse son prédécesseur, Joseph Kabila, de soutenir la rébellion de l'AFC-M23. Ce que l'intéressé et ses partisans démentent en exigeant des preuves.

Vue d'une artère très empruntée de Kinshasa
Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze