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Est de la RDC : se ravitailler à tout prix

Pascal Mapenzi
15 juillet 2025

Face à l'augmentation des prix des produits, des commerçants prennent le risque de se rendre dans les zones contrôlées par les rebelles pour se ravitailler.

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Des rebelles du M23 dans une voiture en ville
Le conflit contre les rebelles du M23 est à l'origine d'une pénurie de produits frais Image : Luis Tato/AFP

Dans l'est de la République démocratique du Congo, le conflit contre les rebelles du M23 crée une pénurie de produits frais qui se traduit par une forte inflation. Sur les marchés des villes de la province du Nord-Kivu, comme à Beni, on constate une augmentation, notamment du prix des légumes.Ces aliments proviennent en effet des zones contrôlées par le M23, dans le sud du territoire de Lubero. Certains commerçants prennent toutefois le risque de s'y rendre afin de ravitailler les centres urbains.

Des difficultés pour faire venir les produits

Jacques Kambale est camionneur et son véhicule fait partie d'un convoi qui vient d'arriver à Beni, en provenance du territoire de Lubero. Ces camions sont chargés de dizaines de tonnes de pommes de terre, de choux, d'oignons de carottes et de poireaux.

Chaque semaine, Jacques se rend dans les zones sous contrôle du M23, dans le sud de Lubero, pour en rapporter les produits alimentaires qu'il revend ensuite sur le marché de Mayangose, l'un des grands de la ville de Beni.

Des personnes dans un marché
Le prix de revente des produits au marché est élevé en raison des difficultés d'acheminement et des taxes Image : Luis Tato/AFP

"Depuis que le M23 occupe des localités à Lubero, l'insécurité s'est installée dans la région. Il y a la peur dans la zone, mais, malgré tout, nous prenons le risque d'y aller et de ramener la nourriture à Beni" explique le commerçant.

A l'arrivée des camions, des revendeurs, comme Jacquie Mwenge, se précipitent pour récupérer la marchandise.Mais le prix de revente au marché est élevé en raison des difficultés d'acheminement et des taxes prélevées par les rebelles.

Quand il faut sortir les aliments des zones contrôlées par le M23, on doit selon Jacquie "payer des taxes et déclarer les marchandises, comme si on traversait la frontière entre deux Etats" . Pour Jacquie "c'est comme ça que les prix deviennent plus élevés qu'avant la guerre du M23".

Des prix de plus en plus élevés

Cette flambée des prix affecte le quotidien des habitants de Beni qui dépendent des légumes de Lubero pour se nourrir.

Geno Katungu qui est venue faire les courses pour sa famille au marché se plaint de l'augmentation des prix.

Des femmes au marché
La flambée des prix sur les marchés affecte le quotidien des habitants Image : Sunday Alamba/ASSOCIATED PRESS/picture alliance

"Avant, ce chou se vendait à 1.000 francs, mais aujourd'hui, il coûte mille 1.500 francs ou 2.000 francs congolais. Regarde cet oignon, un kilogramme est passé de 1.000 francs à 3.500 francs" se plaint Geno en s'exclamant "c'est ça, la situation actuelle au marché".

La hausse des prix a aussi des conséquences sur le travail de certains commerçants. Nombre d'entre eux n'arrivent plus à écouler leur marchandise, se désole Jacquie Mwenge.

"Avant, je vendais un kilo d'ail à 5.000 francs et il y avait beaucoup de demandes. Mais aujourd'hui, un kilo se vend à 12.000 francs. C'est plus que le double" déplore le commerçant qui explique par ailleurs vendre des produits périssables et quand ils n'ont pas de clients, les marchandises pourrissent et cela crée des pertes énormes.

S'ils n'ont pas subi jusqu'à présent les conséquences directes des combats contre le M23, les habitants de Beni ont vu toutefois leur qualité de vie se réduire en raison de cette pénurie de produits frais.