En RDC, Uvira redoute à son tour une attaque des rebelles
21 août 2025En République Démocratique du Congo, alors que Kinshasa et le M23 s'apprêtent à reprendre les pourparlers de Doha, la situation sécuritaire se dégrade davantage dans plusieurs villages dans l'est du pays.
Entre dimanche (17.08) et mercredi, au moins neuf personnes ont été tuées lors des combats survenus dans les villages de Kizuka et Muhusi, en territoire de Mwenga, au nord-ouest d'Uvira.
Ces violences ont semé la panique dans la ville d'Uvira.
Selon la société civile locale, l'AFC/M23 tente d'ouvrir un front vers les territoires d'Uvira et de Fizi, mais se heurte régulièrement à la résistance de l'armée congolaise, épaulée par les Wazalendo.
L'objectif supposé des rebelles
Mafikiri Masimango, coordonnateur provincial de la Nouvelle société civile d'Uvira, estime que les rebelles cherchent à contourner les positions des FARDC :
Selon lui, "en plus des maisons incendiées, nous comptons neuf civils massacrés par les rebelles. Grâce aux Wazalendo, ils n'ont pas pu progresser, même s'ils tentaient de rejoindre Kipupu en passant par Kalunga et Itombwe, pour descendre ensuite à Mikenge. Leur objectif est d'atteindre Kaholoholo, dans la chefferie de Kigoma, territoire d'Uvira. Nous lançons un message fort au gouvernement : malgré les discussions de Doha, le M23 continue de multiplier les attaques dans nos zones".
Ce vendredi (22.08), les leaders de la société civile doivent se réunir avec la population d'Uvira afin de décider des mesures à prendre face à la menace.
En début de semaine, d'autres affrontements ont encore éclaté dans les villages de Kalungu et Kageregere, à la frontière entre les territoires d'Uvira et de Mwenga.
Des milliers de déplacés
L'armée congolaise affirme avoir repoussé cette attaque menée conjointement par l'AFC/M23 et ses alliés Twirwaneho. Pour Henri, habitant de Mikenge, "à Uvira, c'est calme pour l'instant. Les militaires et les Wazalendo sécurisent la ville. Mais la nuit, certains Wazalendo ivres tirent en l'air, ce qui crée la peur. Le vrai problème, c'est d'assurer la paix dans tout le Sud-Kivu, jusqu'à Bukavu, Kabare et Mwenga. Nous voulons que le gouvernement et le M23 mettent leurs différends de côté et nous ramènent enfin la paix".
Les autorités locales estiment à plus de 5.000 le nombre de ménages déplacés, réfugiés à Luvungi, Sange et dans la ville d'Uvira. Kashindi, déplacé de Luvungi, veut lancer "un cri d'alarme : nos villages sont occupés par les rebelles et nous vivons dans des conditions de misère. Nous voulons que le gouvernement mette fin à ce conflit, car là où nous sommes, nous souffrons".
Parallèlement, neuf militaires des FARDC, un policier et deux membres des forces d'autodéfense Wazalendo comparaissent devant le tribunal militaire de garnison d'Uvira. Ils sont poursuivis pour meurtre, vol, violation des consignes et dissipation de munitions de guerre.