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En RDC, la mine de Rubaya alimente le trafic de coltan

13 mai 2025

La plus grande mine de coltan du Nord-Kivu est sous le contrôle du M23 qui a doublé les salaires des mineurs. Mais l'Onu dénonce un trafic vers le Rwanda.

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Des creuseurs dans une mine dans le Sud-Kivu
Premier producteur mondial de cobalt, la RDC abrite aussi plus de 60 % des réserves mondiales de coltan. Pourtant, les creuseurs artisanaux y travaillent dans des conditions précaires, marquées par l’insécurité et l’instabilité.Image : Alexis Huguet/AFP/Getty Images

Depuis plus d’un an, la cité de Rubaya, dans l’est de la République démocratique du Congo, est passée sous le contrôle du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda. Malgré l’instabilité, l’exploitation artisanale des minescontinue dans cette zone riche en minerais stratégiques : coltan (tantale), étain (cassitérite) et manganèse.

Dans les collines du Nord-Kivu, des milliers de creuseurs artisanaux extraient chaque jour le coltan, essentielà la fabrication des téléphones portables. Rubaya est aujourd’hui un point névralgique dans la chaîne d’approvisionnement mondiale de ce métal.

"Avant, on nous volait tout"

Alan Ndibeshe, 26 ans, travaille depuis cinq ans dans les mines de Rubaya. Il témoigne d’un changement depuis la prise de contrôle du M23 : "Avant, les Wazalendo n’étaient pas tendres avec nous. Ils prenaient tout ce que nous avions. Aujourd’hui, c’est mieux. Même si on paie encore des taxes, ce n’est plus aussi exorbitant", a-t-il déclaré dans une mine où il creuse, sous le regard attentif des rebelles.

Un mineur extrait des minerais stratégiques dans l'est de la RDC - Photo/Archives
Dans l’est de la RDC, des milliers de mineurs continuent d’extraire des minerais stratégiques malgré l’occupation rebelle - Photo/ArchivesImage : Johannes Meier/streetsfilm

Le calme relatif offert par la nouvelle administration rebelle attire de nombreux mineurs, malgré l’illégalité et les risques. Selon le dernier rapport des experts des Nations unies , " la coalition AFC-M23 a doublé les salaires des mineurs pour les persuader de rester à Rubaya."

Sur le site de D4 Gakombe, au sein de la mine de Rubaya, la production bat son plein. Jean-Marc Vianey, responsable d’un puits souterrain d’extraction de manganèse, explique que "par jour, nous pouvons sortir 30 à 40 kilos. Selon le marché, cela peut rapporter jusqu’à 1.200 dollars."

Une exploitation sous tension

Baraka est un creuseur de la mine de Rubaya et il explique que le coltan et le manganèse se mélangent souvent dans le processus d'extraction. 

"Ce coltan contenu dans le manganèse lui donne plus de poids. Le coltan, c’est ce qui sert à fabriquer les téléphones dans le monde entier", précise-t-il.

Les creuseurs vendent leurs minerais à des intermédiaires locaux. Ceux-ci les revendent ensuite à des négociants qui transportent les sacs de minerais vers les comptoirs de la ville de Goma, à la frontière rwandaise.

Selon les Nations unies, depuis la prise de Rubaya par le M23, "au moins 150 tonnes de coltan ont été frauduleusement exportées par mois vers le Rwanda et mélangées à la production rwandaise, donnant lieu à la plus grande contamination jamais enregistrée à ce jour des chaînes d’approvisionnement en minéraux dans la région des Grands Lacs".

S’exprimant récemment sur la question, Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC-M23, a admis que les minerais étaient exportés via le Rwanda, "comme cela a toujours été le cas, même sous le contrôle de Kinshasa", car, selon lui, "il n’y a pas de route reliant Goma à la capitale congolaise".

Le 30 avril 2024, les rebelles du M23,Nations unies se sont emparés de la mine de Rubaya qui produirait entre 20% et 30% du coltan mondial.

(Article modifié le 15 mai 2025)