RDC-Rwanda, le dossier complexe du rapatriement des déplacés
28 août 2025
Environ 600 Rwandais vivant en RDC ont récemment regagné leur pays, selon le Haut-commissariat de l'Onu aux réfugiés, le HCR.
Filippo Grandi, haut-commissaire de l'Onu aux réfugiés, a souligné, le mardi 26 août, lors d'une visite à Kinshasa, la nécessité d'un progrès politique, sans lequel il sera difficile de résoudre ce problème des réfugiés.
Le besoin de dépolitiser le dossier
Le HCR reconnaît que le contexte politique entre la RDC et le Rwanda est très difficile. Mais il reste convaincu que le conflit peut être résolu. Une déclaration faite alors que, lundi dernier, 600 Rwandais réfugiés en RDC ont regagné le Rwanda, avec l'accord des deux pays.
"Le dossier des réfugiés est très politisé pour des raisons historiques. On le sait. Il y a une longue histoire très complexe qui s'opère dans le temps autour de la question des réfugiés" c'est ce qu'a précisé le haut-commissaire Filippo Grandi.
Selon lui "il faut finalement que ça soit dépolitisé pour qu'on puisse trouver des solutions qui soient satisfaisantes pour tous et, surtout, pour les réfugiés et ceux qui les hébergent, ou pour les communautés de retour".
Alors que la RDC abrite plus de 200.000 réfugiés rwandais, Kigali affirme héberger 83.000 réfugiés congolais. Mais ce chiffre est considéré avec prudence du côté congolais, comme le rappelle Jacquemain Shabani, vice-Premier ministre en charge de l'Intérieur.
"C'est un exercice qui nécessite que, du côté de la République démocratique du Congo, nous puissions identifier et certifier ce chiffre, certifier aussi la nationalité de ces personnes à travers les différents mécanismes dans le comité d'accueil. Ce qui, à ce jour, n'a pas encore été fait" explique-t-il.
Jacquemain Shabani précise par ailleurs qu'on note que "83.000 personnes sont recensées comme étant des Congolais vivant avec le statut de réfugié, en République du Rwanda".
La RDC et le Rwanda ont signé, le 27 juin dernier, à Washington, un accord de paix qui prévoit notamment la neutralisation des Forces démocratiques de libération du Rwanda, les FDLR, une rébellion opposée au pouvoir à Kigali.
La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, a insisté sur la sensibilisation de ces Rwandais, accusés du génocide de 1994 et réfugiés depuis en RDC.
Un rapatriement plutôt bien accueilli
Le professeur Philippe Doudou Kaganda, directeur scientifique du Centre de recherche et d'étude sur les conflits et la paix dans la région des Grands lacs, rappelle que la question des réfugiés demeure une des problématiques majeures de la conflictualité dans la région.
"Les conflits dans la région des Grands lacs sont, entre autres, liés aux dynamiques migratoires. Les efforts menés par le HCR, à travers la tripartite HCR-RDC-Rwanda, pour le rapatriement des réfugiés, constituent une mesure salutaire" assure l'expert.
Selon lui "ce début de dénouement pourrait aussi apporter une contribution au retour progressif de la paix. Pourvu que, bien entendu, cela soit bien géré et que les volontés des parties soient exprimées de manière sincère".
Le rapatriement volontaire des Rwandais réfugiés en RDC est bien accueilli par le gouvernement rwandais, dont le ministre des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe, a exprimé sa satisfaction, à travers un message publié sur son compte X.