RDC: la famine menace les habitants de Sake
17 avril 2025En République démocratique du Congo, le Programme alimentaire mondial a récemment alerté sur l'augmentation exponentielle des cas de faim aiguë, en particulier dans l'est du pays, où les affrontements entre le groupe rebelle M23 et l'armée congolaise ont exacerbé la crise humanitaire. Cette situation touche des millions de personnes, plongées dans une insécurité alimentaire dévastatrice.
Le péril des mines
Dans la cité de Sake, à environ 27 kilomètres de la ville de Goma, les habitants ne peuvent plus cultiver leurs champs, en raison de la présence de mines abandonnées par les combattants. En l'absence d'opérations de déminage, ces populations sont elles aussi menacées par la famine.
La cité de Sake, abandonnée durant les combats, voit aujourd'hui ses habitants revenir, mais le retour a un goût amer.
Les champs, sources traditionnelles de subsistance, sont rendus impraticables par la présence de mines et d'engins explosifs non déminés. Cette situation met en péril l'alimentation des milliers de personnes qui sont revenues dans leur village.
"Nous ne pourrons pas manger aujourd'hui"
Sake Immaculée Bahuma est mère de dix enfants. Le visage dans ses mains, elle ne sait plus à quel saint se vouer.
"Nous n'avons plus d'activités, raconte-t-elle. On ne peut plus aller aux champs. Nos champs sont pleins de mines. Nous y entrions sans précautions et beaucoup ont perdu la vie. Moi, je partais aux champs à Murambi. On n'a même pas 100 francs pour acheter des patates. Nous ne pensons pas pouvoir manger aujourd'hui."
Dans son champ à Murambi, Immaculée se souvient de jours meilleurs, maintenant remplacés par la peur. A quelques mètres des parcelles cultivables, des fils rouges indiquent la présence de mines.
Des champs incultivables
Le conflit qui dure depuis plus d'un an sur ces territoires laisse des traces visibles. Le danger est quotidien. Il y a quelques jours, un enfant qui jouait avec un engin explosif est mort. Trois autres enfants, blessés par les éclats, ont dû être transférés dans un centre de soins à Goma.
Jonas Mudumbi est agronome et il redoute qu'il y ait d'autres morts.
"L'activité principale ici, c'était l'agriculture, explique Jonas Mudumbi. Les champs du groupement Kamuronza nourrissaient la population. Aujourd'hui, la faim s'installe parce que les gens ne peuvent plus cultiver. Ceux qui n'osent pas s'aventurer dans les champs risquent de mourir de faim, ou pire, à cause des explosions dee mines."
Ne pouvant plus se rendre dans les champs situés dans les collines, beaucoup d'habitants en sont réduits à planter de modestes potagers près de leur habitation, comme l'explique Jonas Mudumbi :
"Par peur d'aller dans les grands champs dans les montagnes, certains ont pris l'initiative de planter des jardins potagers derrière les maisons. C'est à cause des bombes non encore déminées."
Le courage des habitants
Si rien n'est fait rapidement pour déminer ces zones et redonner accès aux terres agricoles, le prix à payer sera immense, celui de vies humaines brisées par la faim et la violence.
Mais entre le risque de famine et le danger des mines, les populations locales font preuve d'un courage extraordinaire, malgré l'abandon des infrastructures de sécurité.