RDC : le M23 rompt le cessez-le-feu
5 février 2025Selon plusieurs sources concordantes, la riche cité minière de Nyabibwe, dans le Sud-Kivu, serait passée sous le contrôle du M23 depuis l'après-midi du 5 février 2025. Nyabibwe est situé à 100 kilomètres de Bukavu et 70 kilomètres de l’aéroport de Kavumu.
D’autres sources rapportent qu’à Goma, le M23 prévoit un meeting, demain, au stade de l’Unité, au cours duquel le groupe rebelle devrait s’entretenir avec les Gomatraciens et présenter les nouvelles autorités.
Des négociations en vue ?
Entretemps, à Kinshasa, lors de l’ouverture de la session parlementaire de ce mardi 4 février 2025, le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, a déclaré que "le président veut négocier, mais pas vendre le Congo".
Le politologue Christian Moleka analyse cela comme une volonté de rappeler qu'il peut y avoir un dialogue, mais il y a certaines lignes rouges que le président congolais ne franchira pas.
Christian Moleka soutient que "beaucoup de Congolais, surtout dans l'opinion, reviennent sur certaines conditions qu’on trouve dans l’accord de 2009. Notamment, la réintégration des rebelles et des groupes armés dans l’armée et la mise en place d’une administration parallèle par le M23 dans les zones de l’Est".
"Ce sont des questions sur lesquelles le président semble à ce jour ne pas disposer à avancer. Donc on verra si ces lignes rouges constitueront des lignes rouges de compromission à ne pas franchir. C’est pour cela que Kamerhe parle de ne pas vendre le pays", explique-t-il au micro de la DW.
Dialoguer, oui, mais avec qui ?
Car jusqu’ici, Kinshasa refuse de discuter avec le M23 qu’il considère comme une organisation terroriste, tandis que Kigali insiste pour qu’une rencontre ait lieu avec les rebelles.
"L’EAC (Communauté des Etats d’Afrique australe) appelle à un dialogue direct avec le M23, la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) appelle à un processus négocié sans citer le M23. Donc, probablement, la rencontre de ce week-end à Dar es Salam pourra davantage éclaircir sur avec qui dialoguer. Kinshasa reste ouvert à un dialogue avec le Rwandaet peut-être qu’un processus de dialogue indirect pourrait se mettre en place,", confie le politologue.
"Pour l’instant, Kinshasa n’est pas ouvert à un dialogue direct avec le M23. Donc le qui (dialoguer avec qui) reste une inconnue, en espérant que la rencontre de Dar es Salam de vendredi et samedi permettra de savoir qui dialoguera avec qui."
Les religieux cherchent une issue au conflit
Entretemps, un processus politique se met en place, conduit par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la Cenco, a déclaré, aujourd'hui, que le projet national porté par la Cenco et l’Eglise du Christ au Congo inclura le M23 et sa branche politique, l’Alliance Fleuve Congo.
Pour sa part, Ntali Alimasi, expert en démocratie et gouvernance, rappelle que jusque-là, on ne parle que de dialogue entre Congolais. Mais la présence du président rwandais, Paul Kagame, à la rencontre de ce 8 février en Tanzanie, sera aussi importante.
"Si Paul Kagame y participe, c’est qu’il y aura une opportunité pour lui pour endormir la pression internationale qui commence à parler de sanctions, surtout si l’on parle de mettre fin au blanchiment des minéraux rares de la RDC. Paul Kagame y verrait aussi une de ses tactiques « fight and talk, talk and fight » qui pourrait permettre à ses poulains de se regrouper pour faire une percée et prendre un peu plus de terrain", précise l’expert.
De son côté, la Conférence internationale sur la région des Grands lacs (CIRGL) a salué la décision de la Communauté d'Afrique de l'Est et de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) d'organiser un sommet conjoint, les 7 et 8 février, en Tanzanie, pour discuter du conflit dansl'est de la RDC.
Il s'agit d'une "occasion cruciale" de s'attaquer à la crise sécuritaire et humanitaire qui touche des millions de civils dans la région, a-t-elle indiqué dans un communiqué.