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A Lubero, le recrutement d'enfants par les milices inquiète

Pascal Mapenzi
26 février 2025

Dans l'est de la RDC, des organisations de la société civile, basées à Lubero, au nord de Goma, dénoncent le recrutement d'enfants au sein des groupes armés.

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Des jeunes soldats portant l'uniforme
Des jeunes notamment des élèves déplacés fuyant les combats seraient recrutés de forceImage : Zanem Nety Zaidi/DW

Une centaine d'enfants auraient été recrutés par des milices locales depuis la fin 2024. Selon les organisations de la société civile, des élèves déplacés fuyant les combats seraient aussi recrutés de force. Dans la région, au moins 190 écoles primaires et secondaires ont fermé leurs portes depuis fin 2024 à la suite de l'avancée du M23.

"Dans le territoire de Lubero, nous faisons face à l'activisme des groupes armés, malheureusement tous ont des enfants parmi leurs effectifs, des enfants pris en otage et qui sont exposés à la mort et aux abus de tout genre", Bernadette Machumu s'inquiète ainsi de la présence des enfants dans des milices locales en territoire de Lubero.

La fermeture des écoles en cause

Mi-février 2025, après un travail de monitoring,l'ONG de Bernadette, " Enfant pour l'Avenir et le Développement ", a révélé qu'une centaine d'enfants ont été enrôlés dans les groupes armés locaux, entre novembre et décembre 2024Des mineurs enrôlés de force ou par ruse. Parmi eux se trouvent des élèves qui fuyaient les combats dans leurs localités.

"Nous avons compté au moins cent enfants qui sont dans les groupes armés" raconte Bernadette qui assure qu'avec son organisation, ils continuent de "sensibiliser sur le non recrutement et l'utilisation des enfants".

La crainte de Bernadette et ses collaborateurs est "qu'environ six mille quarante-huit (6 048) enfants, au lieu d'aller à l'école, sont dans la rue, et ils deviennent ainsi une proie pour ceux qui recrutent ou utilisent les enfants dans les groupes armés".

"Tous ont des enfants parmi leurs effectifs"

Joyce Sivyaleghana travaille, elle aussi, dans la sensibilisation des groupes armés du Nord-Kivu pour libérer les enfants de leur emprise. Selon elle, la fermeture des écoles à cause des combats a favorisé le recrutement des élèves déplacés internes qui sont dans les groupes armés.

"Certains enfants s'enrôlent dans les milices parce qu'ils ont été manipulés par d'autres et ils y vont souvent à l'insu des parents" assure-t-elle tout en précisant que "c'est souvent des enfants à risque qui adhèrent aux groupes armés. Quand ils n'ont pas où aller, quand ils sont oisifs, ils sont facilement influencés et manipulés. Et cette fermeture des écoles a beaucoup joué sur ça ".  

Des enfants séparés de leurs familles 

Selon les chiffres du Programme de désarmement, démobilisation et réinsertion communautaire, une cinquantaine de groupes armés sont actifs dans le territoire de Lubero et Beni dans l'est de la RDC.

Parmi ces milices, certaines combattent aux côtés de l'armée congolaise contre le M23, soutenu par le Rwanda.

Katembo Masudi coordonne 14 de ces groupes armés dits "Wazalendo" dans le territoire de Lubero. Il nie le recrutement de mineurs dans leurs rangs.

 "Nous avons bien vérifié, il n'y a pas d'enfants qu'on a recrutés. Tous ceux qui sont venus sont âgés de moins de 18 ans, nous les avons orientés vers les structures de prise en charge" assure Katembo Masudi.

"Nous n'avons pas appelé les gens à venir combattre, ce sont plutôt ceux qui sont en colère, ceux qui sont révoltés par la situation de notre pays, ce sont eux qui arrivent et qui prennent les armes pour défendre leur pays" précise-t-il par ailleurs.

Selon l'Unicef, des centaines d'enfants ont été séparés de leurs familles dans les provinces du Nord- et du Sud-Kivu suite aux violences. Ils sont ainsi exposés à des risques accrus d'enlèvement, de recrutement et d'utilisation par des groupes armés, mais aussi de violence sexuelle.