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En RDC, les Pygmées victimes d'agressions sexuelles

Pascal Mapenzi
8 août 2025

Chassés de chez eux à cause des combats dans la région de Béni, des Pygmées se sont réfugiés dans des villes du Nord-Kivu. Mais dans les camps, les femmes subissent des agressions sexuelles.

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Des Pygmées en RDC
On estime à 700.000 personnes la population pygmée en RDCImage : Marco Simoncelli

Jean-Pierre Mutuli Kisubi a 39 ans. Il y a deux ans, il s’est inscrit en faculté de droit à Oicha, dans le Nord-Kivu. Il vit dans cette ville depuis 2020, réfugié dans un camp de déplacés internes

Chaque jour, après les cours, l’étudiant partage, avec d’autres jeunes, des notions de droits de l’homme et de droit des minorités. Jean-Pierre Mutuli Kisubi est le premier pygmée déplacé interne à fréquenter l’université d’Oicha.

"C’est une chance pour notre communauté d’avoir un étudiant à l’université. Avant moi, on n’avait jamais eu un autre déplacé pygmée qui était allé jusqu’à l’université", raconte-t-il.

Défendre les droits des minorités

Au cours des quatre dernières années, l’étudiant dit avoir été témoin de discriminations et d’abus sexuels à l’encontre des femmes pygmées depuis qu’elles vivent en milieu urbain. Jean-Pierre Mutuli Kisubi souhaite finir ses études pour défendre les droits des minorités.

"Ce qui m’a motivé à faire des études de droit, c’est que nous n’avons personne ici pour nous défendre. Il y a par exemple des viols que des hommes bantous commettent sur les filles pygmées, mais elles ne le dénoncent pas et même si elles le dénonçaient, elles n’auraient personne pour les accompagner. On profite souvent de leur naïveté", assure-t-il.

Un homme pygmée dans la forêt
Les Pygmées ont une connaissance de la forêt supérieure à la moyenne et sont souvent employés par des ONG comme guidesImage : Marco Simoncelli

Un accès gratuit à l'éducation

Marié et père de sept enfants, Jean-Pierre Mutuli Kisubi a encore trois ans devant lui avant de finir sa formation universitaire. A la fin de celle-ci, il rêve d'ouvrir un cabinet d’avocat, afin de faciliter l’accès à la justice aux femmes victimes de violences sexuelles,.

"Une fois que j'aurai fini mes études, je vais entamer les démarches pour devenir avocat. Je veux amener les victimes des viols et autres abus sexuels à briser le silence, les amener à riposter, parce qu’on a droit à la protection", estime-t-il.

En 2020, Jean-Pierre Mutuli Kisubi a fui son village, situé à l’ouest d’Oicha, à la suite des violences des groupes armés. A l’époque, il était à l’école secondaire.  

La loi du 15 juillet 2022, sur la protection et la promotion des droits des peuples autochtones en RDC, leur garantit un accès gratuit à l’éducation.