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Félix Tshisekedi veut un dialogue à son goût

3 septembre 2025

En République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi rejette tout dialogue qui ne serait pas de sa propre initiative.

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Le président Félix Tshisekedi
Le président congolais veut un dialogue politique que lui et son gouvernement doivent initier entre différents acteurs sociopolitiques.Image : Giscard Kusema/Presse- und Kommunikationsdienst der Präsidentschaft von Kongo

Le président congolais a tenu ces propos, alors que la fondation Thabo Mbeki accueille, à partir de ce mercredi (03.09.25), à Johannesburg, en Afrique du Sud, une conférence sur la paix et la sécurité dans l'est de laRDC. La rencontre de Johannesburg aura lieu, alors que les délégations du gouvernement congolais et de la rébellion de l'AFC-M23 sont encore à Doha, au Qatar, pour des pourparlers visant la fin de la guerre en cours dans cette partie de la RDC. Par ailleurs, de nombreux Congolais attendent la tenue d'un dialogue national, proposé par les Eglises catholique et protestante.

Un dialogue sans Lamuka

La coalition d'opposition Lamuka a décidé de ne pas participer à la conférence dont les travaux s'ouvrent ce mercredi, à Johannesburg. Lamuka appelle la fondation Thabo Mbeki à soutenir plutôt le dialogue national, dont les Eglises catholique et protestante ont présenté le projet il y a plus de sept mois. 

"La coalition Lamuka et son président formulent donc le vœu que la fondation Thabo Mbeki accorde la priorité au processus de Kinshasa, en encourageant la participation de l'ensemble des acteurs nationaux. L’appui à cette initiative interne, relayée à l'échelle régionale et internationale, serait non seulement pertinent et légitime, mais également porteur d'un véritable impact pour la paix durable en RDC", dit Prince Epenge le porte-parole de Lamuka.

L'opposant Martin Fayulu.
La coalition politique Lamuka conduite par Martin Fayulu ne participe pas aux discussions de Johannesbourg.Image : Nicolas Maeterlinck/picture alliance

Alors que le président Félix Tshisekedi a rejeté tout dialogue en dehors de son initiative, la coalition de gauche congolaise, de l'opposant Jean-Marc Kabund, s'interroge sur les motifs derrière cette déclaration. Augustin Bisimwa, secrétaire général du Mouvement d'élites pour la démocratie et le vrai changement, le MDVC explique que pour lui "il a un problème de cohérence dans son raisonnement" et selon Augustin Bisimwa "il le fait à dessein, pour pérenniser la crise, parce que les fonds injectés dans la guerre ne font pas l’objet de contrôle. C'est pourquoi beaucoup veulent que ça puisse tirer en longueur, ou bien, carrément, on veut accompagner la balkanisation de notre pays. C'est ce qui est vraiment dangereux".

Combats dans l'est du pays

L’armée congolaise poursuit les combats contre les rebelles de l'AFC-M23, soutenus par le Rwanda, qui occupent une partie de l'est de la RDC. Le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, le PPRD, de l'ancien président Joseph Kabila, rappelle que les populations demeurent les premières victimes des affrontements. 

"On refuse un dialogue entre Congolais, mais on se perd dans des simulacres de négociations avec les agresseurs, au mépris de la souffrance de la population, pour protéger un calcul politique égoïste. Seul un dialogue véritable, inclusif et souverain, entre Congolais, pour les Congolais, peut ouvrir une issue à cette crise", selon Ferdinand Kambere, secrétaire permanent adjoint du PPRD qui souligne donc l'importance du dialogue initié par les églises. 

La société civile affirme que l'armée nationale et les rebelles continuent de renforcer leurs positions, notamment dans les territoires d'Uvira et de Walikale, respectivement dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu. La population souhaite la fin du conflit, comme l'affirme Christian Kalamo, un des responsables de la société civile du Nord-Kivu.

"Quand le processus tarde comme ça, c'est la population qui continue de souffrir. Les rebelles continuent à se renforcer. Moi, je veux demander au président de faire tout pour la mise en place de ce dialogue. Le président devrait tout faire pour ne pas retarder le processus, afin que la population puisse aussi vivre en paix et en sécurité, ici, dans l’est de la RDC" explique Christian Kalamo. 

Représentants de l'église catholique
Les initiatives de paix des responsables religieux n'ont pas encore abouti.Image : Getty Images/AFP/J.D. Kannah

Kinshasa face aux initiatives de dialogue

Le président Félix Tshisekedi n'aurait pourtant rien contre les différentes initiatives de dialogue, selon le professeur Alphonse Maindo, enseignant à l'université de Kisangani, qui estime que Félix Tshisekedi agit avant tout avec prudence.

Le problème selon lui "n'est pas que le président est contre les initiatives. Je pense qu’il veut toujours être à la manœuvre, pour s'assurer qu'il place ses gens à lui. Des gens qui sont favorables à ses idées, à ce qu'il défend, pour que ses idées puissent primer sur tout le reste".

La conférence de Johannesburg intervient, après que la RDC et le Rwanda ont signé un accord de paix, le 27 juin dernier, à Washington, aux États-Unis. 

Le gouvernement de Kinshasa a également conclu, le 19 juillet, un accord de principe avec les rebelles de l'AFC-M23. Mais les négociations pour la signature d'un accord de paix entre les deux parties semblent piétiner.

Vue d'une artère très empruntée de Kinshasa
Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze