RDC : les veuves des militaires réclament leur pension

" Mon mari est mort en 2020 et m'a laissé trois enfants" explique Charlie Nazima. Son mari, premier sergent-major de l'armée congolaise est mort en mission il y a cinq ans, mais Charlie Nazima n'a plus perçu sa pension de veuve depuis deux ans.

"J'ai du mal à subvenir à tous mes besoins. Je dois payer seule la scolarité de mes enfants et le loyer. Je ne m'en sors plus" précise Charlie. La mère de famille déplore par ailleurs le fait que personne dans sa famille ne peut l'aider et ses enfants savent que leur père était militaire et que la pension de veuve est censée les aider.

Une suspension sans notification

Le cas de Charlie Nazima n'est pas isolé. Plus de 1.800 veuves de militaires seraient ainsi privées de leur pension de veuve. Celle-ci est une allocation versée par l'État congolais pour soutenir financièrement les femmes qui ont perdu leur conjoint militaire.

Safi Anastasie, coordinatrice de l'Association des veuves et orphelins de militaires en Ituri, explique que les arriérés remontent à 2023. Pour elle, la situation s'est aggravée au mois de mars, lorsque presque toutes les veuves de son association ont été retirées de la liste de paiement, sans aucune notification au préalable.

"Nos maris sont morts dans l'armée et nous n'avons jamais reçu leur décompte final. Notre souhait est d'être rétablies dans nos droits. Les autorités devraient se soucier de l'avenir de nos enfants orphelins" estime Safi Anastasie.

Un risque de démoralisation

La situation de ces veuves militaires inquiète le gouverneur militaire de l'Ituri, le lieutenant général Luboya Nkashama. Il déplore les répercussions que pourraient avoir ces arriérés sur le moral des soldats.

Selon lui étant "dans une zone opérationnelle", on ne peut pas les "affaiblir avec ce genre de problème". Il précise par ailleurs que les "militaires sont en train de combattre, mais si un militaire qui est devant l'ennemi apprend que les veuves ne sont pas payées, pourquoi se sacrifierait-il ? Il va se dire que le jour où il mourra, ses enfants connaîtront le même sort. "

La coordinatrice de l'association des veuves de militaires explique que, chaque semaine, elle enregistre en moyenne cinq nouvelles veuves. Elle souligne que ce chiffre varie en fonction de la situation sur le terrain.

Lors d'un point de presse le 3 juin à Kinshasa, le porte-parole de l'armée congolaise, le général Sylvain Ekenge, a affirmé, sans donner plus de précision, qu'il existe une procédure concernant le paiement de la pension de veuve, mais que certaines femmes, qui prétendent être des veuves de militaires, ne répondraient pas aux critères.