RDC : des citoyens congolais laissés au sol
7 août 2025Debout devant ses bagages rangés dans son dépôt, Aurélie Furaha est une femme d'affairse de Bukavu. La circuolaire émise le 6 juin dernier par la direction générale des migrations l'empêche de désormais de voyager :
"Je voudrais me rendre à Lubumbashi pour mes affaires mais pour le moment c'est difficile à cause de cette mesure. Et aussi c'est difficile d'aller à Uvira ; c'est là où je pouvais trouver les documents du gouvernement facilement. Mais il y a l'insécurité dans la plaine, c'est barré, personne ne passe, surtout entre Katogota et Luvungi. Auparavant j'utilisais le même document du M23 mais comme le gouvernement refuse, ça gêne. En tout cas, ça pénalise", constate, amère, cette femme d'affaires.
Des citoyens marginalisés
Dans une lettre adressée à plusieurs autorités congolaises, la présidente de la société civile du Sud-Kivu exprime son indignation. Elle pense que cette décision pourrait avoir des conséquences dramatiques sur les citoyens congolais résidant dans l'Est du pays. Néné Bintu :
"Nous avons été alertés par plusieurs de nos concitoyens qui ont été refoulés à Addis-Abeba, d'autres à Nairobi, d'autres en Ouganda au motif qu'ils détenaient les documents migratoires visés par l'administration de la rébellion, mais nous savons qu'il y en a d'autres qui ont été refoulés parce qu'ils avaient des tenant-lieu de passeports en provenance d'Uvira. Jusque-là, le document exigé pour aller à Kinshasa c'est le passeport et dans ce document-là s'il y a un sceau de l'administration rebelle, c'est compliqué", explique la présidente de la société civile du Sud-Kivu.
"Il y a des couches très touchées par cette situation, notamment les malades chroniques qui vont se faire soigner au Burundi. Il y a également les étudiants originaires de Bukavu qui étudient au Burundi, … Nous savons bien sûr que cette mesure a été prise pour des raisons sécuritaires mais pour une population qui souffre déjà de l'agression [du M23], l'isoler de Kinshasa va encore la martyriser davantage."
Nous n'avons pas pu joindre la direction générale des migrations congolaises pour recueillir sa réaction.
La population veut retrouver un quotidien normal
Pour Mick Mutiki, le président du cadre de concertation de la société civile au Sud-Kivu, la paix ne pourra revenir que sur une base de confiance mutuelle.
"Kinshasa, ne nous balkanisez pas ! Mais tout ça n'a aucun sens au moment où nous sommes dans un processus de paix. Au contraire on devrait renforcer des mesures de confiance de manière à faire que la population puisse sentir de moins en moins le poids des conséquences de cette guerre. Nous n'avons jamais voulu la guerre nous autres !", rappelle-t-il.
"Nous voulons juste vaquer à nos occupations pour faire étudier nos enfants, faire nos petits commerces, épargner nos petits moyens et vivre normalement. Ceux qui ont pris cette décision, je parie que leurs enfants vivent en Europe, aux Etats-Unis et ne savent pas quel est notre quotidien ici."
Une délégation de la coordination nationale de l'AFC/M23 séjourne dans la province du Sud-Kivu. Cette délégation affirme vouloir transmettre un message de paix et d'espoir aux populations en vue de promouvoir le vivre-ensemble , la cohésion nationale et la réconciliation.