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RDC : les médias interdits de parler des activités du PPRD

23 avril 2025

Kinshasa accuse l'ancien président Joseph Kabila et son parti de soutenir la rébellion de l'AFC-M23. De nombreux journalistes congolais dénoncent une forme de censure.

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Une série de journaux congolais pour symboliser les médias en RDC
(Photo d'illustration) Le régulateur de l'audiovisuel congolais avait déjà mis en garde par le passé les médias sur leur diffusion d'informations concernant la rébellion dans l'est du paysImage : Dirke Köpp/DW

En RDC, après la suspension de sa formation politique, le parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, le PPRD, la décision de saisir ses biens, de le poursuivre en justice et d'interdire aux cadres de son parti de quitter le pays, le gouvernement  a également enjoint les médias de ne plus relayer les activités du PPRD.

La décision a été annoncée par le vice-premier ministre de l'Intérieur, Jacquemain Shabani.

Les médias congolais sont également sommés de ne plus donner la parole aux cadres du PPRD dont le président national, Joseph Kabila, accusé de soutenir la rébellion de l'AFC-M23 qui occupe des zones de l'Est du pays.

Le régulateur audiovisuel congolais soutient Kinshasa

Une décision que soutient le Conseil Supérieur de la communication et de l'audiovisuel, le CSAC. Son vice-président Bruno Mbolison explique que "le CSAC va simplement demander aux médias effectivement, de ne pas accorder l'espace à toute personne qui se réclamerait du PPRD. Il ne s'agit pas pour le CSAC de demander aux médias de fermer les bouches des gens. La liberté d'expression reste garantie. Tout ce qu'il faudrait limiter, du point de vue du régulateur, c'est la publicité de ce parti politique interdit jusqu'à nouvel ordre."

Ecoutez le sujet...

Pour de nombreux journalistes, cette décision viole la liberté de la presse et est discriminatoire. L'un d'entre eux, qui s'exprime sous le couvert de l'anonymat, estime que "cela peut être pris comme une violation grave des lois de la République qui garantissent la liberté de la presse. Je considérerais cela comme une discrimination de ce groupe de politiques qui sont victimes de cette mesure. Nous pensons à notre niveau qu'en tant que journalistes bien formés, ce n'est pas normal de respecter cette mesure."

"Cette décision est illégale"

Même réaction du côté des organisations de défense des droits humains. Timothée Mbuyi, le président de l'ONG Justicia, dénonce une "guerre contre un parti rival".

"Je crois que cette décision est illégale et les journalistes ne devraient pas s'y conformer, affirme-t-il. Il faut plutôt attendre qu'une procédure judiciaire soit amorcée, attendre l'issue de cette procédure. Les médias ne doivent pas cautionner le fait que le gouvernement se range dans une perspective de restriction des libertés d'expression, des libertés d'opinion et ici, une restriction des libertés politiques."

Quant à l'épouse de Joseph Kabila, Marie Olive Lembe, elle a dénoncé ce mercredi (23.04), l'occupation et le pillage de sa ferme de Kundelungu dans la province du Haut-Katanga, par des militaires de l'armée nationale.