En RDC, tensions entre le M23 et les forces internationales
14 avril 2025Dans un contexte de regain de violence dans l’est de la République démocratique du Congo, les rebelles du M23 ont accusé les forces internationales, notamment celles de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) et de la Monusco, la mission de l’ONU, de soutenir les opérations militaires menées par l’armée congolaise dans les zones qu’ils occupent.
Ces accusations font suite à des combats survenus dans la nuit du 11 au 12 avril à Goma, où les rebelles affirment que les troupes de la SADC auraient "coordonné" l’attaque en collaboration avec les milices Wazalendo, alliées aux FARDC.
La Monusco réfute les accusations
L’ONU a rapidement réagi, dénonçant des accusations "infondées", susceptibles de compromettre la sécurité des civils. Malgré tout, le M23 a déclaré, dans un communiqué, être contraint de "reconsidérer sa position", une formulation laissant craindre une reprise des hostilités.
Une perspective qui inquiète fortement Souzy Kisuki, défenseure des droits humains. Elle en appelle à une intensification des démarches diplomatiques : "Je pense depuis longtemps que les rebelles du M23 n’ont jamais été pour l’observation d’un quelconque cessez-le-feu. [...] Il faut que la communauté, tant nationale qu’internationale, puisse s’organiser pour mettre fin à cette guerre, surtout en privilégiant la voie diplomatique car la guerre a échoué."
Par ailleurs, le M23 exige le départ immédiat des troupes de la SADC de Goma, et demande à la Monusco de remettre les soldats congolais qui s’étaient réfugiés dans ses positions lors de la chute de la ville.
Pour Josué Wallah, expert congolais en sécurité, ces exigences sont infondées : "Les militaires FARDC entre les mains de la Monusco doivent être protégés, conformément au droit international humanitaire. En ce qui concerne la SADC, le M23 n’a pas le droit de harceler des forces internationales présentes légalement sur le sol congolais."
La peur des populations
À Goma, ces développements ravivent la peur au sein de la population. Grâce, jeune entrepreneur, témoigne d’un climat d’incertitude croissante : "Nous nous voyons encore une fois en difficulté parce que de nouveaux déplacements de population seront enregistrés en province, alors que la situation humanitaire continue à se dégrader. [...] Quand les rebelles annoncent la reprise des combats, cela nous pénalise et nous rend encore nerveux."
Ces tensions surviennent alors même que des négociations diplomatiques se poursuivent à Doha, au Qatar. L’Union africaine a récemment désigné le président togolais Faure Gnassingbé comme nouveau médiateur dans ce conflit, redonnant un mince espoir d’apaisement à une région meurtrie par des années de guerre.