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En RDC, des leaders de l'opposition taxés d'opportunisme

2 mai 2025

Le rapprochement en RDC entre l'ancien président Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Delly Sesanga est vu comme une alliance de circonstances.

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Südafrika Johannesburg 2025 | Joseph Kabila, ehemaliger Präsident
Image : Siphiwe Sibeko/REUTERS

EnRépublique démocratique du Congo, la population s'étonne du fait que des opposants, qui parlent rarement d'une seule voix, aient pu signer, ce jeudi (01.05), une déclaration commune en faveur d'un dialogue interne.

L'ancien président Joseph Kabila, Moïse Katumbi, Martin Fayulu et Delly Sesanga ont dénoncé l'exclusion des Congolais des négociations en cours. Ils appellent ainsi à une solution congolaise à la crise qui déchire l'est du pays

Ce qui étonne de nombreux Congolais, c'est justement ce rapprochement entre l'ancien président Joseph Kabila et des opposants, comme Martin Fayulu ou Moïse Katumbi, qui se sont toujours montrés critiques des dix-huit années que Joseph Kabila a passées à la tête du pays.

Les Congolais rencontrés dans les rues de Kinshasa parlent d'une alliance de circonstance. L'un estime qu'"ils n'ont jamais été ensemble. Aujourd'hui, ils veulent être ensemble. C'est-à-dire que c'est pour défendre leurs intérêts personnels et non les intérêts de la population congolaise que nous sommes. Ça ne va rien arranger dans notre pays."

Martin Fayulu
Martin Fayulu, Moise Katumbi, Delly Sesanga et Joseph Kabila appellent à un dialogue pour résoudre la criseImage : Nicolas Maeterlinck/picture alliance

Pas d'alliance mais une convergence d'opinions 

Un autre habitant soutient que "c'est pour leurs propres intérêts. Fayulu, lui, n'a pas de poids politique pour le moment. Ce qui nous étonne, c'est Katumbi et Kabila. Quand Katumbi était en dehors de ce pays, il avait traité Joseph Kabila de Judas."

La coalition Lamuka de Martin Fayulu refuse toutefois de parler d'alliance.

Lexxus Alex Dende, un des porte-parole de la coalition, souligne que les quatre leaders ont un point commun : ils soutiennent tous le pacte social pour la paix que prônent les Eglises catholiques et protestantes, soit le dialogue entre Congolais pour une solution congolaise.

Pour lui "ce sont des leaders politiques qui ont pour point d'intersection uniquement le fait de pouvoir parler à l'interne et surtout, de soutenir l'initiative portée par l'ECC et la Cenco. C'est d'abord cela… Tout le reste, on va pouvoir l'envisager. Mais pour l'instant, je ne pense pas qu'il faille parler d'une alliance."

Joseph Kabila et Moise Katumbi
Dans une déclaration commune, les quatre leaders politiques dénoncent la politique de Joseph Kabila

Des doutes sur la sincérité de la démarche

Les quatre leaders de l'opposition exigent donc un dialogue congolais. Mais le professeur Kiangu Sindani, enseignant à l'université de Kinshasa, doute de la sincérité d'une telle initiative.

Selon lui, "le problème qui demeure est de savoir s'ils sont prêts à parler vrai et profond et à accepter que le seul garant de la nation soit la Constitution. Une Constitution que tout le monde foule au pied. Tant qu'ils ne se comporteront pas de cette façon-là, ils tourneront en dérision la cause qu'ils prétendent défendre."

Ce rapprochement entre opposants intervient alors que des négociations sont en cours entre Kinshasa, Kigali et la rébellion de l'AFC-M23, qui occupe une partie de l'est de la RDC. Les négociations se déroulent à Doha, au Qatar, et à Washington, aux Etats-Unis.

Vue d'une artère très empruntée de Kinshasa
Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze