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RDC : la sortie de crise par le dialogue semble encore loin

10 février 2025

Lors du sommet EAC/SADC, un appel au dialogue a été lancé pour mettre un terme au conflit dans l'est de la RDC. Mais Kinshasa refuse toujours de discuter avec le M23, qu’il considère comme un groupe terroriste.

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RD Congo | Soldats du M23 à Goma (photo d'illustration)
Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, a été prise fin janvier par le M23 et ses alliés rwandais (Photo d'illustration)Image : ALEXIS HUGUET/AFP via Getty Images

Lors du  sommet des chefs d'Etat, ce samedi en Tanzanie, les dirigeants de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Est (EAC) ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et un arrêt des combats. Ils ont également demandé des mesures permettant la livraison de l'aide humanitaire aux personnes dans le besoin, ainsi que la réouverture de l'aéroport de Goma.

" Nous aurions souhaité que ce sommet puisse aller au-delà des simples déclarations"(Jean Chrysostome Kijana)

Jean Chrysostome Kijana, de la Nouvelle dynamique dela société civile, a fait le déplacement en Tanzanie pour participer à ce sommet. Il se montre sceptique face aux résolutions qui ont été prises à Dar es Salam. Pour lui, il aurait fallu mettre en place  une force contraignante et un mécanisme de vérification en cas de non-respect ou de violation du cessez-le-feu.

"Nous aurions souhaité que ce sommet puisse aller au-delà des simples déclarations, parce que quand vous analysez bien, lorsqu’on annonce la cessation immédiate des hostilités, qui a la responsabilité de veiller sur l’effectivité de ce cessez-le-feu ? Lorsqu’on parle de la reprise des activités de l’aéroport de Goma, cette reprise va se passer sous quelle autorité ? Est-ce que c’est toujours sous l’autorité de la rébellion du M23 ou ce sera sous l’autorité de l’Etat congolais ? Donc il y a un peu de flou autour de ces déclarations qui nous laissent perplexes", estime ce membre de la société civile.

Que demande le M23?

Le M23 n'était pas présent à Dar es Salam ce week-end. Kinshasa a toujours refusé de négocier avec ceux qu'ils qualifient de terroristes et de supplétifs du Rwanda. De son côté, Kigali exige que la RDC discute d'abord avec le M23, mais les revendications de ce groupe armé restent encore floues.

Le politologue Christian Moleka rappelle que le M23 n’a jamais eu beaucoup de revendications politiques. Ce n’est que depuis la fusion avec l’Alliance Fleuve Congo de Corneille Nangaa, la branche politique du M23, que ces questions ont pris le premier plan.

"Il est très probable que dans le format AFC/M23, on puisse avoir des revendications à caractère politique comme la forme fédérale de l’Etat, la non-modification de la Constitution, éventuellement la problématique des élections", estime Christian Moleka.

"Et les questions économiques ont toujours été insidieuses, notamment les questions de commerce transfrontalier, même si ce sont des questions qui reviennent tout le temps dans l’agenda du Rwanda, des questions liées à l’intégration économique régionale."

Au niveau sécuritaire, Kinshasa a déjà refusé, sur la base d’une résolution votée au parlement, toute intégration des éléments venant des groupes armés, ajoute Christian Moleka.

" Kinshasa s’oppose jusque-là à toute forme d’intégration des éléments des groupes armés dans l’armée. Deuxièmement, il y a dans les éléments avancés par le M23, la gestion administrative des zones militaires de l’Est notamment et ça, Kinshasa ne le tolère pas et trouve que ce serait ouvrir la porte à la balkanisation, mais aussi, ce serait donner la chance au M23 d’avoir une possibilité de base arrière vis-à-vis du Rwanda. Celui-ci aurait alors une influence militaire, économique voire politique qui réduirait le leadership de Kinshasa dans cette région", assure le politologue.

Dans ces conditions, un dialogue est-il encore envisageable ? 

Pour le politologue Jean-Claude Mputu, il faut certes dialoguer, mais cela ne servira à rien tant que les problèmes de fond n'auront pas été réglés.

sommet à Dar es Salaam(Photo d'illustration)
L'Union européenne a salué la tenue du sommet EAC-SADC (photo d'illustration)Image : Emmanuel Herman/REUTERS

"D’une certaine manière, Kinshasa ouvre la porte à ces négociations parce qu’ils parlent  de négociation dans le cadre du processus de Nairobi. Et on ne voit pas, dans cet état des choses, quelles solutions trouver. Est-ce que cela voudra dire qu’aussi bien Kinshasa que le M23/Kigali veulent absolument une solution non armée, qui semble inévitable, sinon on va continuer à faire souffrir la population congolaise inutilement ? Donc, là se trouve véritablement le problème et un des acteurs doit évoluer", estime Jean-Claude Mputu.  

Une accalmie est observée depuis ce 9 février dans laprovince voisine du Sud-Kivu, dans le conflit qui oppose le M23 et ses alliés rwandais aux forces congolaises, alors que le M23 progresse en direction de la ville de Bukavu.  

DW-Redaktion Afrika-Französisch
Wendy Bashi Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle@WenBash