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RDC : Kinshasa et le M23 n'ont pas signé un véritable accord

24 avril 2025

Pour les observateurs, malgré la déclaration conjointe, entre les deux camps les tensions restent vivaces. La population locale affiche, elle, l'espoir d'un retour à la paix.

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Felix Tshisekedi et Corneille Nangaa
Les deux protagonistes avaient avancé chacun des préalables qui ne figurent pas dans cette déclaration. Image : Vlad Vanderkelen/Belga/picture alliance/Tony Karumba/AFP

Les délégations de la RDC et des rebelles de l'AFC/M23 ont publié mercredi 23 avril 2025 une déclaration conjointe en vue de la résolution du conflit qui déchire l'Est de la RDC.

Cette déclaration commune a été lue sur les antennes de la RTNC (la Radio Télévision Nationale Congolaise). Une première depuis que les hostilités ont repris. Cette déclaration conjointe sonne aussi comme une surprise. Selon plusieurs sources, les deux parties ne s'étaient pas entendues sur différents points pourtant essentiels. 

La RDC aurait demandé à l'AFC/M23 de déposer les armes et de se retirer des zones qu'il occupe. Le mouvement armé aurait demandé pour sa part au président congolais Félix Tshisekedi de faire une déclaration affirmant la volonté de son gouvernement d'engager des discussions directes avec l'AFC/M23. Chose que le chef de l'Etat congolais aurait refusé. 

Le Qatar, un médiateur puissant

Mais si les deux parties sont arrivées à une entente, cela montre l'importance du Qatar en tant que médiateur pour certains observateurs.

"Le Qatar a mis beaucoup de moyens au Rwanda pour sa relance économique. Donc, celui-ci lui est redevable.  Mais le Qatar a aussi mis beaucoup de moyens financiers en RDC. Le pays a un certain ascendant moral et financier économique sur les parties en conflit", estime Kaganda Mulume-Oderhwa Doudou, directeur scientifique du Centre de Recherches et d’Etudes sur les Conflits et la Paix dans la Région des Grands Lacs. 

Paul Kagame et Felix Tshisekedi se rencontrent à Doha
Le Qatar avait frappé un grand coup en mars dernier en réunissant Paul Kagame, soutien des rebelles du M23, et Felix TshisekediImage : AFP

Majed Al Ansari, porte-parole du ministère qatarien des Affaires étrangères, a salué cette avancée. Il appelle la RDC et le M23 à "poursuivre ce dialogue dans un esprit constructif et à œuvrer pour parvenir à un accord conforme aux aspirations du peuple congolais à la paix et au développement".

"Cette entente n'est pas un accord"

Cependant, la déclaration de ce mercredi n'est pas un véritable accord, car signé séparément par chacune des parties en conflit, précise Bob Kabamba, politologue à l'Université de Liège en Belgique.

"Si vous remarquez bien, du côté congolais, eux-mêmes signent de leur côté et du côté du M23/AFC, eux-mêmes signent de leur côté. C'est une situation difficile pour le gouvernement congolais. S’ils signent le même communiqué avec la rébellion, c'est une façon de reconnaître cette rébellion", assure-t-il au micro de la DW.

La déclaration qui a été publiée était en attente de l'approbation du président Tshisekedi, ajoute Kabamba, ce qui a ensuite été suivi par un accord de ce dernier. "Il a fallu convaincre le président Tshisekedi pour qu’il accepte que ce communiqué soit publié", poursuit le politologue congolais

Que devient la population des zones en guerre ?

Si aucun signe ne montre encore l'aboutissement d'un accord entre Kinshasa et l'AFC/M23, les deux protagonistes ont convenu sur "un engagement en faveur d'une cessation des hostilités", ce qui rassure Samy Jean Takimbula, président intérimaire de la Société civile du Sud-Kivu.

"Cela va soulager la population. S'ils ont trouvé un terrain d'entente, cela va nous aider, nous, les gagne-petit, les souverains primaires, à retrouver un certain équilibre social", espère-t-il.

Des congolais refugiés au Burundi dont des femmes et des enfants.
La situation huminataire est toujours catastrophique pour les populations déplacées par les combats.Image : Evrard Ngendakumana/REUTERS

Si la délégation du M23/AFC à Doha, était conduite par Bertrand Bisimwa, président de la branche politique du M23, on ignore jusque là l’identité des représentants de Kinshasa à ces discussions.

Par ailleurs, la signature de cette déclaration conjointe intervient dans un contexte de division de la sphère politique congolaise. Des soupçons sur la présence de l'ancien président, Joseph Kabila, à Goma, ville contrôlée par le M23, a déclenché des représailles du gouvernement contre son parti, le PPRD qui est désormais suspendu. 

Sur le terrain, selon les sources de la DW, les affrontements entre les Wazalendo, les supplétifs de l'armée congolaise et le M23 soutenu par le Rwanda, se poursuivent, notamment à Walikale. Des déplacements de la population ont été observés dans certaines localités.