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RDC : Kigali rejette un rapport accablant de l’Onu

13 août 2025

En RDC, le fragile processus de paix visant à résoudre la crise dans l’Est du pays fait face à une nouvelle épreuve : des tensions entre le Rwanda et les Nations unies.

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Goma 2025 | Des rebelles du M23 à Goma
L'est de la RDC est ravagé par 30 années de conflits et a connu une nouvelle flambée de violence avec les offensives du M23 soutenu par le Rwanda selon les Nations unies sur Goma et d'autres villes comme Rutshuru, qui ont fait des milliers de morts.Image : AFP/Getty Images

Les dernières tensions font suite à la publication d’un rapport du Bureau des Nations unies pour les droits humains accusant l’armée rwandaise d’être impliquée dans le massacre d’au moins 319 civils, principalement des agriculteurs, dans le territoire de Rutshuru en juillet dernier. Kigali rejette catégoriquement ces accusations.

Le gouvernement rwandais dénonce un rapport « infondé », tandis que sur le terrain, les jeunes de Rutshuru alertent sur la gravité de la situation. "Aujourd'hui, les populations survivantes vivent dans la peur, dans les déplacements, puisque le M23, après les massacres, les a sommées de quitter leurs habitations habituelles", témoigne Héritier Gashegu, membre du Collectif des mouvements des jeunes pour le changement. "Ces populations sont en train de rechercher certaines personnes qui sont encore portées disparues", ajoute-t-il.

Des accusations qui divisent

Pour Tite Rutikanga Gatabazi, analyste spécialisé sur la région des Grands Lacs, le rapport onusien manque de rigueur. Selon lui, le Bureau des Nations unies aurait négligé les exigences de vérification nécessaires à une enquête crédible. "On sent bien qu'il y a beaucoup de résistance. Chaque fois qu'il s'agit de franchir un pas vers la paix, vous avez des forces obscures qui viennent entraver le processus. Depuis Nairobi, Luanda et maintenant Doha et Washington, les tensions qu'on est en train de vivre sont la résultante de cela", estime-t-il.

Des populations fuyant le conflit dans l'est de la RDC.
Plus de deux millions de personnes ont fui les violences depuis janvier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, où le M23 est actif, selon un rapport du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) publié fin juillet.Image : Guerchom Ndebo/AFP/Getty Images

Pendant ce temps, Kigali accuse la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) d’avoir échoué à instaurer la paix dans l’Est du pays. Un reproche que ne partage pas Josaphat Musamba, doctorant à l’université de Gand, en Belgique. "Le Rwanda ne peut pas penser qu'il est au-dessus de tout le monde. Dans l'opération de maintien de la paix en RCA, il y a des Rwandais. Est-ce qu'ils ont déjà ramené la paix là-bas ? Le Rwanda joue un jeu. Il critique les Nations unies à l’est du Congo, mais il est aussi présent comme mercenaire et dans les opérations de maintien de la paix en RCA. C’est absurde", tranche-t-il.

Un processus de paix fragilisé

Ces tensions interviennent alors même que plusieurs initiatives diplomatiques sont en cours pour tenter de stabiliser la région. Les accords de Washington entre les gouvernements congolais et rwandais, puis de Doha entre Kinshasa et la rébellion de l’AFC-M23, prévoyaient des engagements clairs pour le rétablissement d’une paix durable dans l’Est de la RDC.

Cependant, les accusations, les démentis et les critiques mutuelles entre Kigali et l’ONU risquent de compliquer davantage la mise en œuvre de ces engagements. Dans une région déjà fragilisée par des années de conflits, chaque incident diplomatique vient réduire un peu plus les chances d’un retour à la stabilité.

Vue d'une artère très empruntée de Kinshasa
Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze