Est de la RDC : vers une grève des enseignants
24 juin 2025Dans le Nord-Kivu, en République démocratique du Congo, les enseignants des territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo réclament leurs arriérés de salaire. Le point commun de leurs zones, c'est qu'elles sont contrôlées par les rebelles du M23. Certains enseignants n'y ont pas été payés depuis cinq, voire six mois. Alors ils menacent de déclencher une grève d'ici la fin de l'année scolaire prévue en juillet. Un mouvement qui pourrait affecter davantage encore un système éducatif déjà fragilisé.
Une grève en perspective
Le 10 juin 2025, une délégation d'enseignants mandatée par le syndicat national des enseignants des écoles primaires publiques a été envoyée à Goma pour rencontrer les autorités de tutelle et leur agent payeur.
Jusqu'ici, aucune solution concrète n'a été apportée. Les conséquences sont déjà visibles dans plusieurs écoles comme le constate Félix Hakiza , Secrétaire permanent du Syndicat national des enseignants des écoles publiques à Rutshuru, un territoire où cela fait des mois que les écoles n'ont pas repris les cours, et où seuls les 6ème année étudient pour préparer leur rentrée prochaine à l'université.
"Certaines écoles n'ont pas repris les cours depuis mars. Il y a des abandons, des mariages précoces, d'autres enfants rejoignent même des groupes armés. Cela nuit gravement à l'éducation" explique Félix Hakiza.
Jean Harerimana, parent d'élèves à Nyamilima, territoire de Rutshuru déplore l'impact de cette situation sur l'éducation des enfants.
Il assure que ses "enfants n'ont pas étudié depuis environ quatre mois. Certaines écoles ont fermé en février suite au non-paiement des enseignants. Avec la gratuité de l'enseignement, les parents ne paient rien".
Pour Jean Harerimana "c'est à l'État de rémunérer les enseignants". Et selon lui, "l'impact est négatif".
Le mode de payement mis en cause
Le syndicat enseignant indexe en premier lieu le mode de paiement : les enseignants de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo ne sont pas bancarisés. Ils étaient rémunérés par la Caritas, qui n'a pas pu poursuivre les paiements depuis la résurgence du M23.
" Le gouvernement débloque bien les fonds chaque mois, mais à cause du système manuel, les salaires restent bloqués. Nous exigeons le paiement des arriérés avant la fin de l'année. Sinon, c'est toute l'année scolaire qui risque d'être compromise" menacent les enseignants.
De leur côté, les autorités de l'AFC/M23 considèrent que les enseignants de Rutshuru Masisi et Nyiragongo faisant toujours partie de la RDC, ils devraient être payés comme partout ailleurs.
Ils accusent Kinshasa de vouloir punir la population locale, comme cela a été le cas avec la fermeture des banques et soupçonnent un détournement des fonds alloués aux salaires.
L'administration de l'AFC/ M23 affirme collaborer avec des partenaires comme l'UNICEF pour tenter d'identifier des solutions durables.
Pour l'instant, les autorités congolaises n'ont pas réagi officiellement. En attendant, les salles de classe restent vides et les enseignants livrés à eux-mêmes.