Le sort incertain des déplacés dans l'est congolais
5 février 2025Les vastes camps qui entouraient Goma sont quasiment vides. Là où vivaient plus d'un million de déplacés internes, il ne reste aujourd'hui que quelques centaines de familles.
Selon plusieurs sources, les tentes et les installations ont été démontées par le M23 qui veut accélérer le retour des déplacés. Pour le groupe armé, les zones sous son contrôle sont sûres.
Un retour coûteux
Chaque matin, des camions viennent récupérer les déplacés pour les ramener chez eux. Mais ce voyage a un coût. Ceux qui n'ont pas de quoi payer doivent rester sur place, comme Espérance Odette et ses six enfants.
"Certes, on recevait de l'aide, mais cette aide arrivait en retard alors que l'on avait déjà contracté beaucoup de dettes. On était donc obligé de vendre cette aide pour payer les dettes. Nous sommes contents de retourner chez nous, mais aidez-nous avec de la nourriture", lance Espérance Odette qui assure qu'il n'y a pas à manger où ils vont.
Depuis la résurgence du M23 en RDC, en novembre 2022, des milliers de familles avaient trouvé refuge à Goma. Mais ces camps n'ont jamais été un foyer. Trois ans plus tard, beaucoup de déplacés internes rentrent, sans avoir la certitude de retrouver leur maison intacte.
"J'ai manqué le transport pour y aller. Ils demandent 25.000 francs. Ceux qui ont manqué les camions sont obligés de prendre ces motos que vous voyez partir. J'ai six enfants. Je vais chercher celui qui va me prêter de l'argent", explique la mère de famille.
Besoin continu
Durant ces années d'exil, les déplacés internes ont reçu l'aide de nombreuses organisations humanitaires, locales et internationales. Aujourd'hui, alors que ces populations rentrent chez elles, celles-ci ont toujours besoin de soutien. Elianne Feza travaille pour Goma actif, une structure locale qui apportait de l'aide aux déplacés. Elle estime que les prochains mois seront difficiles pour ces milliers de Congolais qui rentrent chez eux : "Comme on leur demande de rentrer dans leurs villages alors qu'ils n'ont rien, ça va être difficile. Et même s'ils retrouvent leurs champs, ça va prendre beaucoup de temps pour qu'ils commencent à jouir de leurs récoltes. Si on avait la possibilité d'aller vers eux pour leur apporter notre aide, je pense que ça serait aussi important.''
Entretemps, dans la ville Goma qui est désormais majoritairement sous le contrôle du M23, la vie se réorganise peu à peu, malgré la peur qui se lit sur les visages des habitants.