En RDC, une faible lueur d'espoir pour une sortie de crise
4 février 2025Le M23 a annoncé, lundi soir (03.02.25), décréter un cessez-le-feu prenant effet à partir de ce mardi. Le groupe armé affirme n'avoir "aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu."
La semaine dernière, le M23 avait pourtant clairement annoncé son intention de "marcher jusque Kinshasa."
Il y a lieu de rappeler que, dans ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, une demi-douzaine de cessez-le-feu et de trêves ont été déclarés entre les deux parties, avant d'être systématiquement rompus. Pour le chercheur Christophe Vogel, cette annonce s’inscrit dans un cadre plus tactique dela rébellion.
" Après l’assaut sur Goma, évidemment que l’annonce d’un cessez-le-feu est dans l’intérêt d’une rébellion qui cherche notamment aussi à décourager de possibles contre-offensives du côté de l’armée congolaise et de ses alliés. En même temps, la progression des troupes du M23 vers le Sud-Kivu a été ralentie, notamment dans des combats et accrochages qui ont eu lieu les derniers jours, où l’armée congolaise a remporté quelques victoires et ceci fait en sorte qu’un assaut potentiel sur Bukavu est devenu moins imminent. "
Bis repetita
Une annonce du même genre avait déjà eu lieu en février 2024 et le M23 annonçait ne pas avoir l'intention de s'emparer de Goma. Pratiquement une année plus tard, la rébellion contrôle la ville. Christophe Vogel y voit une stratégie pour montrer une ouverture à une solution politique, même si, à maintes reprises, Kinshasa, qui qualifie ce groupe de terroriste, a refusé de négocier avec le M23.
"Il ne faut pas oublier que la demande principale du M23 a été, depuis plus d'une année, d’avoir des négociations directes et bilatérales avec le gouvernement congolais, chose que Kinshasa a catégoriquement refusée. Dans ce contexte plus large et politique, on peut notamment interpréter cela comme une stratégie complémentaire plus large par rapport à celle que la rébellion a eue. "
Tentatives de résolution de crise
Toujours ce 3 février, à Kinshasa, le président Félix Tshisekedi a reçu une délégation de la Conférence épiscopale nationale du Congo, la Cenco, et de l'Eglise du Christ au Congo. Le révérend Eric Senga, qui était présent à cette rencontre, explique qu'elle a consisté à revenir sur l’initiative des deux églises pour rétablir la paix en RDC, mais aussi dans la région des Grands lacs.
" En résumé, le chef de l'Etat était réceptif à l’initiative et il a salué sa pertinence. Il a aussi soulevé des questions de contribution, des questions de fond. Aujourd’hui, nous pouvons dire que les consultations ont déjà commencé au niveau de la classe politique pour préparer le forum. C’est ce forum qui sera le cadre idéal où les fils et les filles du pays vont devoir réfléchir pour voir les mécanismes à mettre en place dans cette nouvelle dynamique. "
Bob Kabamba rappelle que le cessez-le-feu décrété par le M23 intervient au moment où est convoqué un sommet en Tanzanie par deux organisations importantes impliquées en RDC : il s’agit de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC). Le politologue estime que l'annonce du M23 marque une ouverture, encore faut-il que Kinshasa soit prêt à accepter de discuter.
"En mettant en avant le cessez-le-feu, c’est une façon de pouvoir montrer à ces deux organisations que l’AFC/M23 est prêt à pouvoir discuter avec Tshisekedi, si celui-ci le consent."
Avant la rencontre de ce 8 février en Tanzanie, le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies doit se réunir d'urgence, ce vendredi 7 février, à la demande de Kinshasa, pour examiner la crise.