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En RDC, la fin des exclusions d'élèves pour grossesse

15 juillet 2025

Les filles enceintes ont le droit de poursuivre leur scolarité. Le gouvernement interdit désormais aux écoles toute exclusion de l'école liée à une grossesse.

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BG Schulen schließen und Schwangerschaften von Schülerinnen steigen in Kenia
Image : Monicah Mwagi/REUTERS

En République démocratique du Congo, les filles enceintes ont désormais le droit de poursuivre leur scolarité. Une note circulaire, signée le lundi 14 juillet par le ministère de l'Éducation nationale, interdit désormais toute exclusion liée à une grossesse. Une mesure qui vient corriger une vieille inégalité entre les garçons et les filles.

A Goma, comment les parents et les élèves perçoivent cette mesure ? Rita Nabugorhe avait 16 ans quand elle est tombée enceinte. Elle se souvient des regards lourds et de l'obligation de quitter l'école.

Mais des années plus tard, elle a repris ses études et aujourd'hui, elle travaille désormais pour une organisation internationale. "J'avais honte au début, se souvient-elle. Beaucoup se moquaient de moi. Mais j'ai eu le soutien de ma mère, aussi de mon père et de mes grands-frères qui ont toujours été là pour moi. J'ai repris courage… Aujourd'hui, j'ai fini mes études et je suis fière. Si cette mesure avait existé avant, je n'aurais pas perdu autant de temps".

Des élèves passent leur examen d'Etat dans une école de Goma
En République démocratique du Congo, les examens de fin d'année se sont également déroulés dans les zones contrôlées par l'AFC/M23 comme Goma.Image : Zanem Nety Zaidi/DW

Une mesure pour davantage d'égalité

Chez les parents, cette décision fait beaucoup réagir et pour certains, comme Jorame Muhesi et Aspirine Espoir, c'est un soulagement. Elle rappelle que "beaucoup de jeunes filles tombent enceintes par accident, mais ce sont des personnes et elles ont leurs droits. Cette décision est une bonne chose. Le droit à l'éducation, c'est le droit le plus légitime pour tous les enfants, filles et garçons. Lorsque les chefs d'établissement prenaient la décision d'interdire à une jeune fille de poursuivre ses études par le fait qu'elle était enceinte, tout en laissant le garçon continuer, c'était une violation grave de ce droit. Nous sommes très contents de voir que les autorités ont fini par lever cette mesure".

Mais Antigone Tegera, une mère de famille, est pour sa part moins enthousiaste et elle conseille plus de rigueur dans l'application de cette mesure : "En tant que parent, je pense que ce n'est pas la bonne manière de justifier l'éducation inclusive et l'égalité des genres à l'école, surtout en ce qui concerne les jeunes filles. Si certaines élèves avaient peur de tomber enceintes, c'était justement parce qu'elles savaient qu'elles risquaient l'exclusion. Maintenant qu'une décision leur permet de rester en classe, même enceintes, on risque de voir un peu de tout dans les écoles."

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Avortements dangereux

Quant aux élèves, la plupart comprennent la situation et prônent le soutien mutuel. Pour Clarice Binja, "tomber enceinte alors qu'on est encore élève, ce n'est pas un acte à encourager. Mais la rejeter, la chasser de l'école, comme si elle n'avait plus d'avenir, je ne pense pas que cela aide. Dans le passé, ce genre de traitement poussait certaines filles à avorter, parfois dans des conditions dangereuses. Si une camarade de classe tombait enceinte, je voudrais la soutenir, l'encourager à continuer. Il ne faut pas qu'elle abandonne son avenir à cause d'une erreur. Tant qu'elle a la volonté d'étudier et qu'elle respecte les exigences de l'école, il n'y a aucune raison de l'exclure".

La note circulaire du ministère précise qu'aucune sanction ou exclusion ne sera tolérée en raison d'une grossesse. Une directive qui s'applique dès sa signature, et qui devra être relayée dans tous les établissements du pays.