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Butembo et Beni se préparent face à l'avancée du M23

Pascal Mapenzi
31 janvier 2025

Après la prise de la ville de Goma par les rebelles du M23, les villes de Butembo et Beni, plus au nord de Goma, dans l'est de la RDC, sont elles aussi en alerte.

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Des gesn dans la rue à Beni
Certains habitants de Butembo et de Beni, au Nord-Kivu, pensent que leurs villes seront les prochaines cibles du M23Image : Delphin Mupanda/Xinhua/IMAGO

Après la chute de Goma, des habitants de Butembo et de Beni, au Nord-Kivu, pensent que leurs villes seront les prochaines cibles du M23.Depuis que le M23 contrôle la capitale provinciale du Nord-Kivu, les habitants de ces agglomérations vivent dans la peur.

Viviane Vivuya a suivi l'avancée du M23 sur la ville de Goma, jusqu'à sa chute. Comme de nombreux autres habitants de Beni, elle ne s'attendait pas à la prise de Goma par la rébellion. Désormais, elle ne doute plus que sa ville soit la prochaine cible. Viviane s'y prépare déjà.

"Nous vivons avec une très grande peur" assure Viviane qui s'est rendu au marché pour se ravitailler.

"Nous vivons dans l'incertitude, car, partout dans la ville, il n'y a pas de mouvement, il y a de la timidité, les élèves ne vont plus au cours. Quand la capitale est prise en otage comme ça, on ne sait plus ce que nous allons devenir, puisqu'ils sont déjà à quelques kilomètres de Lubero" explique-t-elle tout en rappelant que "Lubero et Butembo, c'est presque la même chose et arriver ici à Beni, ça ne demande rien".

Face à cette situation, Viviane l'assure, ils ne savent "plus quoi faire", et ils "restent à la maison."

Fuir ou rester ?

Wema Kennedy, lui, vit à Butembo, à environ 300 kilomètres au nord de Goma. Mais la rébellion du M23 a conquis des localités près de sa ville. La chute de Goma n'a pas été une bonne nouvelle.

"Les événements de Goma nous ont marqué et nous ont fait très peur parce que nous avons des familles là-bas, et que c'est arrivé au moment où il y avait un grand problème d'électricité et d'accès au réseau de communication" explique Wema à la DW.

A Beni et Butembo, l'inquiétude face à l'avancée du M23

"On ne savait pas comment joindre nos familles, ça nous a beaucoup inquiétés, cela a perturbé nos vies. Aujourd'hui, on est dans l'incertitude" poursuit-il tout en assurant qu'ils tentent de "s'organiser, pour savoir, s'il faut fuir, avec quoi on va fuir, ou bien comment. S'il faut rester, on va demeurer dans quel état et pendant combien de temps ?"

Selon Wema, les habitants de Butembo essayent de prendre "de petites mesures préventives ".

Pour sortir de cette crise, Wema Kennedy demande ainsi au gouvernement de privilégier la paix, afin de mettre fin aux souffrances des Congolais vivant dans l'est du pays.

"Donner la chance à la paix"

"Quand le M23 a commencé, on n'avait jamais imaginé qu'ils pouvaient aller jusque-là. Mais le fait qu'ils aient pris la capitale de la province, c'est un coup dur !"  assure Wema.

Il dit par ailleurs penser que comme toute la communauté internationale est en train de le dire, il faudrait "donner la chance à la paix.Toutes les guerres du monde, même la guerre de cent ans, se sont terminées autour d'une table. Le rapport de force, tel que ça se présente, n'est pas en notre faveur".

Selon Wema Kennedy "les citoyens qui vivent dans des zones contrôlées par le M23 sont des Congolais comme ceux qui sont à Kinshasa, comme nous qui sommes à Butembo. Ils ont les mêmes droits, le droit de vivre en paix. Pourquoi les sacrifie-t-on alors qu'on peut arrêter la souffrance qu'ils subissent, si on signe la paix ?"

La synergie de groupes de pression et de mouvements citoyens exigent du gouvernement de reprendre le plus tôt possible la ville de Goma. La population est ainsi appelée à soutenir l'armée et les milices Wazalendo qui combattent la rébellion. Des journées sans activités ont été ainsi décrétées, depuis jeudi, dans les villes de Butembo et Beni.