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À Walikale, l'arrivée de l'AFC/ M23 fait grincer des dents

21 mars 2025

Après Goma et Bukavu, les rebelles de l'AFC/ M23 sont désormais dans la localité de Walikale dans l'est de la RDC. La situation sur place reste incertaine.

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Goma 2025 | Des rebelles du M23 dans un véhicule
Les rebelles de l'AFC/ M23 sont désormais à WalikaleImage : Arlette Bashizi/REUTERS

Dans l'est de la RDC, les rebelles de l'AFC/ M23 continuent leur progression, en dépit des efforts de l'armée congolaise. Les rebelles se sont emparés mercredi (19 mars) dans la soirée de la localité de Walikale, dans la province du Nord-Kivu. La ville est située à la jonction de deux axes routiers venant de Goma et deBukavu . Deux villes déjà sous le contrôle de la rébellion soutenue par le Rwanda. 

"Un climat de peur"

Avec ses 60.000 habitants, Walikale vient s'ajouter à la liste des villes et localités désormais sous le contrôle des rebelles de l'AFC-M23, ceci à la suite d'une nouvelle offensive d'envergure.

Avant l'arrivée des combattants du M23 dans la ville, mercredi soir, l'armée congolaise s'était retirée en prétextant, une fois encore, la volonté d'"éviter des pertes humaines", selon un officier des forces armées congolaises.

Des combats se poursuivent toutefois à Mubi, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Walikale.

Un centre de santé de l'ONG Médecins sans frontière a par ailleurs été "pris dans des tirs croisés" pendant les combats, selon le responsable local de l'organisation, Marco Doneda, qui précise toutefois qu'il n'y a pas eu de blessés.

Une collaboratrice de MSF dans un centre de santé (illustration)
MSF est toujours présente à Walikale (Photo d'illustration)Image : BARBARA DEBOUT/AFP

"MSF n'a pas été directement ciblé par ces tirs et notre équipe est confinée jusqu'à ce que les conditions de sécurité soient suffisamment garanties pour reprendre les activités" explique-t-il.

MSF rappelle toutefois à nouveau les belligérants à "la protection de la mission médicale, des structures et du personnel de santé, ainsi que des organisations humanitaires".

Alors que la situation sécuritaire reste instable, selon Marco Doneda "les équipes de MSF s'inquiètent d'un potentiel afflux de blessés dans les prochaines heures et jours. Ces derniers jours, la ville de Walikale s'était déjà pratiquement vidée de sa population sous la panique. L'insécurité dans la région, ces dernières semaines, a créé un climat de peur pour la population civile qui a rapidement pris la fuite."

Un climat de peur que souligne également Fiston Misona, le président de la coordination de la société civile de Walikale.

"Il y a eu, encore aujourd'hui, des bombardements dans certains quartiers de la cité de Walikale. La situation reste tendue" assure-t-il à la DW.

Des personnes sur un site d'exploitation minière
Walikale est proche de plusieurs gisements de minerais d'or et d'étain (Photo d'illustration)Image : picture-alliance/dpa/S. Gätke

Des besoins humanitaires

Sur le plan humanitaire, à en croire Fiston Misona la population a de nombreux besoins "d'autant plus que le territoire de Walikale est une zone assez enclavée, les humanitaires se comptent sur le bout des doigts".

Il rappelle que c'est seulement MSF Pays-Bas qui est là pour "intervenir en termes de médicaments, mais il y a des ruptures parce qu'il n'y a pas d'atterrissages possibles pour faciliter le ravitaillement en médicaments des structures sanitaires."

Outre les inquiétudes liées à la situation humanitaire, sur le plan économique également, la prise de Walikale est une mauvaise nouvelle pour Kinshasa. La localité est en effet proche de plusieurs gisements de minerais d'or et d'étain notamment.

L'avancée du M23 vers Walikale avait conduit, mi-mars, la société Alphamin à évacuer son personnel et à stopper le travail dans sa mine de cassitérite (minerai d'étain) de Bisie, la troisième au monde en termes de production d'étain.

Le site est situé à une cinquantaine de kilomètres de Walikale. L'annonce de la suspension de son activité avait fait grimper les cours de l'étain. 

 

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique