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En RDC, l’ombre de l'AFC-M23 plane sur l’accord minier

2 juillet 2025

Malgré l’accord de paix signé à Washington avec le Rwanda, de grandes zones minières stratégiques restent sous le contrôle des rebelles de l’AFC-M23 dans l'est du pays.

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Corneille Nangaa, chef du groupe rebbelle, Alliance du fleuve Congo (AFC)
L'accord devra résoudre une difficulté essentielle : les rebelles de l’AFC-M23 contrôlent de grandes zones territoriales dans les provinces Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dans l’est du pays.Image : ALEXIS HUGUET/AFP via Getty Images

Signé le 27 juin dernier, l’accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda comporte un volet économique encore flou, mais qui pourrait déboucher sur un accord minier entre Kinshasa et Washington. Pour l’heure, les modalités de cette coopération restent à préciser.

Un obstacle majeur se dresse toutefois sur la route de cette entente : les rebelles de l’AFC-M23, que Kinshasa accuse d’être des supplétifs du Rwanda, contrôlent de vastes portions des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, riches en minerais stratégiques prisés par les États-Unis, tels que le coltan, le cuivre et l’étain.

Le rôle des rebelles

Malgré cette situation, les autorités congolaises se veulent rassurantes. Elles estiment que l’accord de paix contraindra Kigali à faire en sorte que les rebelles respectent les engagements pris.

"Les États-Unis seront dans l’obligation de défendre leurs intérêts et d’imposer, grâce à leur machine diplomatique et à leur puissance, que le Rwanda respecte l’accord afin que l’AFC-M23 soit dans l’impossibilité de continuer de nuire dans l’Est qu’ils occupent abusivement", a déclaré Diyabanza Mwananene, député provincial de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti présidentiel.

La ministre des Affaires étrangères congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner et son homologue rwandais Olivier Nduhungirehe avec Donald Trump
Après une série de trêves et de cessez-le-feu systématiquement rompus ces dernières années et l'échec de plusieurs tentatives de négociations entre la RDC et le Rwanda ces derniers mois, un texte a finalement été signé vendredi par la ministre des Affaires étrangères congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner et son homologue rwandais Olivier Nduhungirehe, sous les auspices des États-Unis lors d'une cérémonie à Washington.Image : Andrew Caballero-Reynolds/AFP/Getty Images

De son côté, l’AFC-M23 revendique désormais l’administration de plus de 34 000 km² de territoire congolais. Parmi les zones sous son contrôle figurent des localités stratégiques comme Masisi et Rutshuru (Nord-Kivu), ou encore Shabunda, Mwenga et Walungu (Sud-Kivu), où se trouvent d’importants gisements.

Le problème sécuritaire

Dans ce contexte, des observateurs s’interrogent sur la faisabilité d’un accès sécurisé des entreprises américaines à ces ressources.

"Je ne sais pas comment les entreprises américaines vont s’y prendre pour investir dans des zones contrôlées par le M23, qui impose sa gouvernance rebelle et contrôle la chaîne d’approvisionnement des minerais. Ces circuits sont largement orientés vers le Rwanda, et peut-être aussi vers l’Ouganda. Est-ce que l’accord de Doha réglera cela ? Rien n’est moins sûr", estime Josaphat Musamba, chercheur et doctorant à l’université de Gand.

En attendant des clarifications sur un éventuel accord minier entre Kinshasa et Washington, les populations locales, elles, n’aspirent qu’à une chose : voir l’AFC-M23 se retirer des territoires occupés et retrouver la paix.

 

Vue d'une artère très empruntée de Kinshasa
Jean-Noël Ba-Mweze Correspondant à Kinshasa en RDC pour le programme francophone de la Deutsche Welle@ba_mweze