En RDC, le transport fluvial impacté par la crise dans l'est
11 août 2025Certains bateaux ont perdu jusqu'à 40% de leurs recettes. L'Office national des transports (Onatra)et la société commerciale congolaise des ports et des transports, envoyaient auparavant deux bateaux à Kisangani, une fois par mois. Mais elle manque désormais de marchandises à transporter et ses bateaux cargo ont été suspendus. Cela pénalise les habitants qui manquent de produits de première nécessité.
Grâce Kambale a installé ses sacs de haricots au dépôt Makayabo en attendant les premiers clients. Ici, on appelle ce haricot "commando", C’est sa principale marchandise. Le "commando" est une variété très recherchée à Kinshasa. Depuis quelques mois, Grâce Kambale a du mal a vivre de son commerce.
"Maintenant nous vendons à 370 ou 380 mille Fc. Nous achetons le sac à environ 90$. Le transport est de 40$. Au taux du jour, c'est 409 mille Fc par sac. Donc la perte est de 30 mille ou 20 mille francs congolais".
Zones occupées par les rebelles
Le haricot commando provient principalement des zones occupées par les rebelles du M23, dans le Nord-Kivu (dans l'est du pays).
De Kiwanja à Kisangani, le transport d'un sac coûte 10 $ de plus qu’avant la prise deGoma et Bukavu par le M23. Des commerçants se tournent vers la Tanzanie pour se procurer une autre variété de haricot, le "pigeon vert".
Patrick Matika, un autre commerçant, explique les pertes engrangées à cause des taxes forfaitaires imposées par le M23 auxquelles s’ajoutent celles du gouvernement congolais.
Selon lui, "Dans la partie M23, il y a beaucoup de tracasseries. Ils taxent forfaitairement et on ne discute pas avec eux. Si tu discutes, ils augmentent le montant. Si tu tombes sur un bon percepteur de taxes, il peut te faire payer 200, dans le cas contraire tu peux payer jusqu’à 600 $".
Raréfaction de certains produits
Le haricot, importante marchandise qui quitte Kisangani pour Kinshasa, devient donc une denrée rare.
Ali, gérant du bateau Global Express, a besoin d'environ 1.000 tonnes de haricot à envoyer à Kinshasa pour se retrouver financièrement. Mais il a du mal à se fournir et ses recettes ont fortement diminué.
"Avant la guerre, on transportait le haricot. Pour le moment, il n'y a plus rien. Nous devons nous débrouiller. Nous avons une perte de presque 40% de nos revenus" regrette-il.
L’Office national de transport a un port de 500 mètres à Kisangani. Mais ses bateaux cargos et courriers ne viennent plus jusqu’ici. L’entreprise publique aussi manque de marchandises. Ernest Tambwe, cchef de zone adjoint de l'Office national des transports (Onatra), explique.
"Nous n'avons plus de marchandises en provenance de l'Est comme auparavant. À cause de la situation, les gens ne cultivent plus convenablement" explique Ernest Tambwe, chef de zone adjoint de l'Office national des transports (Onatra).
Le secteur du transport aérienn'est pas épargné. Avec la fermeture des aéroports internationaux de Goma et de Bukavu, les vols en provenance de ces deux villes n'existent plus, ce qui complique encore le commerce entre l’est et l’ouest du pays.